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Combats à Tripoli : "Pourquoi devons-nous payer pour quelque chose qui ne nous concerne pas ?"

C'est un prolongement de la bataille de Qousseir : à Tripoli, grand ville portuaire du nord du Liban, les combats entre partisans et opposants au président syrien Bachar al-Assad s'intensifient. Le reportage de nos envoyés spéciaux.

Près de 200 blessés et 23 morts. Le bilan des affrontements à Tripoli, dans le nord du Liban, s’est encore alourdi vendredi 24 mai, après cinq jours de violences entre le quartier sunnite de Bab al-Tebbaneh, opposé au régime syrien, et celui de Jabal Mohsen, majoritaiement peuplé d’alaouites, favorable au président syrien Bachar al-Assad. Les tensions gagnent à présent d’autres quartiers de la ville.

Tripoli, la deuxième ville du Liban, s’est embrasée dimanche 19 mai après l’offensive menée par le régime syrien et ses alliés du Hezbollah contre Qousseir, une ville stratégique située entre Damas et le littoral syrien. Les autorités libanaises ont déployé l’armée dans les rues de Tripoli pour ramener le calme. En vain.

Les militants des deux quartiers s’affrontent à l’arme lourde – des obus de mortier, principalement - et les habitants se retrouvent pris au piège des combats. "Chaque fois que [les habitants du quartier Jabal Mohsen] reçoivent le corps d'un combattant pro-Assad mort à Qousseir, ils viennent se battre contre nous ici", témoigne Abou Khattab, un combattant de Bab al-Tebbaneh, au micro d'Antoine Mariotti et Selim El Meddeb, les  envoyés spéciaux de FRANCE 24. Puis il poursuit : "Bab al-Tebbaneh est un quartier pauvre, il ne peut pas supporter tous ces obus, il ne veut pas de ces combats".

"C'est toujours nos enfants qui paient le prix"

Une partie de la population de ce quartier, prise au piège, a fui. "C'est toujours nos enfants qui paient le prix, ils ne peuvent pas aller à l'école, on n'a pas de travail, déplore une mère de famille. Si vous ne travaillez pas, vous ne pouvez pas manger et nous avons des enfants ! Qui parlent d'eux ? Pourquoi devons-nous souffrir et payer pour quelque chose qui ne nous concerne pas ?"

Tripoli est régulièrement en proie aux affrontements. De violents heurts ont opposé ces deux quartiers à 16 reprises depuis 2008. La ville est particulièrement sensible à l’évolution de la situation de l’autre côté de la frontière et depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad, les tensions sont de plus en plus fréquentes, notamment depuis l’offensive des forces syriennes contre les rebelles à Qousseir, située à une soixantaine de kilomètres de Tripoli à vol d’oiseau.