Le compositeur français Henri Dutilleux est décédé ce mercredi à l'âge de 97 ans. Qualifié de "moderne classique", il était l'un des contemporains les plus joués au monde. Sa dernière œuvre, "Correspondances", est parue en janvier.
Le compositeur français Henri Dutilleux, décédé mercredi à l'âge de 97 ans, était l'une des figures musicales les plus marquantes de la deuxième moitié du XXe siècle qui avait su apprivoiser le public rebelle à la musique contemporaine.
Son oeuvre originale, éminemment poétique, -comme "Sur le même accord", nocturne pour violon solo et orchestre créé à Londres en 2002,- et dégagée de tout dogmatisme aura été abondamment jouée de son vivant en France et à l'étranger.
Transcendant les modes, indépendant, bien qu'influencé par Bartók, Stravinski et surtout Debussy, il se tenait à l'écart aussi bien des traditionalistes que de l'avant-garde. "Je suis contre les mots d'ordre. Le sectarisme engendre l'appauvrissement", déclarait-il.
Né le 22 janvier 1916 dans une famille originaire du Nord, Henri Dutilleux fait ses études musicales au Conservatoire de Paris. Prix de Rome en 1938, il ne séjournera que quelques mois à la Villa Médicis avant d'être mobilisé comme brancardier.
Sa carrière commence après la guerre, par des musiques de chambre, de film et de scène. Il remporte son premier grand succès en 1948 avec une sonate pour piano créée pour son épouse Geneviève Joy.
Chacune de ses partitions, élaborée très lentement, fera ensuite figure d'événement. Exigeant, Dutilleux ne livre à ses interprètes, tous les trois ou quatre ans, que des oeuvres essentielles par leur densité expressive, leur souci de perfection formelle. Sa production, depuis 1937, ne comptait qu'une quarantaine d'opus.
Le compositeur, qui a dirigé le service des "illustrations musicales" à l'ORTF (1944-1963), a enseigné la composition à l'École normale de musique (à partir de 1961), puis au Conservatoire de Paris (1970-1984).
Henri Dutilleux a notamment écrit deux symphonies, "Métaboles" pour orchestre, "Tout un monde lointain" (1970) un concerto pour violoncelle pour Rostropovitch, et "l'Arbre des songes" un concerto pour violon à l'intention d'Isaac Stern (1985). Il a également composé le quatuor à cordes "Ainsi la nuit" (1977) et une fresque orchestrale créée à Berlin en 2003, "Correspondances".
AFP