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Expulsé du Mali, le djihadiste Gilles Le Guen est arrivé à Paris

Le djihadiste français le plus recherché par les autorités, arrêté il y a deux semaines à Tombouctou, est arrivé mardi à Paris. Gilles Le Guen, notamment soupçonné d'avoir participé à la prise d'otages d'In Amenas, a été placé en garde à vue.

Le djihadiste français Gilles Le Guen, arrêté au Mali fin avril, est arrivé mardi matin en France, à l'aéroport d'Orly, où il a immédiatement été pris en charge par la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI), a-t-on appris de source proche du dossier.

Le djihadiste, qui se fait appeler Abdel Jelil, est arrivé peu après 8hOO à l'aéroport parisien, sur un vol régulier en provenance de Bamako, a précisé cette source. Des agents de la DCRI l'ont alors pris en charge en vue de lui notifier son placement en garde à vue. "Il va être interrogé. Nous devons savoir quel a été son parcours", a

commenté le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, sur Europe 1. Sa femme et ses cinq enfants avaient été évacués vers la France il y a deux semaines.

"C’est un paumé"

Selon le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, "il avait combattu manifestement déjà dans les groupes jihadistes". Le ministre a décrit "une dérive individuelle de fanatisme". "C'est un paumé qui devient terroriste", avait-il expliqué après son arrestation.

Gilles Le Guen, âgé de 58 ans, avait été arrêté dans la nuit du 28 au 29 avril dans la région de Tombouctou par les forces spéciales françaises. Il avait été transféré la semaine dernière de Gao (nord) à Bamako, où l'armée malienne devait engager une procédure d'expulsion.

Il avait été repéré en septembre 2012 dans les rangs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sur un cliché récupéré par les services secrets français. Un membre de la sécurité malienne avait alors expliqué qu'il vivait avec sa famille dans le nord du Mali avant l'arrivée des islamistes et qu'il avait "épousé leurs idées", mais que l'engagement réel de cet aventurier breton était loin d'être avéré.

Une vidéo de mise en garde

Dans une vidéo mise en ligne début octobre 2012 sur le site d'information mauritanien Sahara Media, il avait mis en garde "les présidents français, américain" et l'ONU contre une intervention militaire au Mali en préparation contre les groupes islamistes armés qui contrôlaient alors le Nord du pays.

Vêtu d'une tunique beige, d'un turban noir, portant une moustache et un bouc, Gilles Le Guen était apparu devant un fond noir portant le sigle d'Aqmi, un fusil-mitrailleur posé à ses côtés.

Soupçons d’espionnage

En novembre 2012, Gilles Le Guen avait été fait prisonnier durant quelques jours par les responsables d'Aqmi à Tombouctou, certains le soupçonnant d'être un espion. Selon d'autres sources, il aurait été arrêté parce qu'il se serait interposé pour empêcher des djihadistes de malmener des femmes.

Le parquet de Paris avait ouvert, mi-février, une enquête préliminaire le concernant, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

Né le 21 février 1955 à Nantes et titulaire d'un brevet de la marine marchande obtenu à la fin des années 80, l'homme a beaucoup voyagé avant de s'installer au Maroc, en Mauritanie puis au Mali, où il résidait avec sa deuxième épouse, une Marocaine.

Avec dépêches