, à la Cour d'assises spéciale de Paris – Rejugé devant la Cour d'assises spéciale d'appel de Paris pour quatre attentats perpétrés en France en 1982 et 1983, le terroriste vénézuélien Carlos a multiplié sarcasmes et provocations au premier jour de son procès. Reportage.
Tout sourire, Carlos, l’un des terroristes les plus recherchés des années 1970 et 1980, a fièrement fait son entrée devant la Cour d’assises spéciale d'appel de Paris, ce lundi 13 mai. "Je m’appelle Ilich Ramirez Sanchez. Je suis né le 12 octobre 1949 à Caracas. Je suis actuellement logé aux frais de l’État français…" Comprendre : condamné à perpétuité…
En décembre 2011, ce combattant de la cause palestinienne surnommé le "Chacal", reconnu coupable de complicité dans quatre attentats ayant coûté la vie à 11 personnes en France en 1982 et 1983, a écopé de la peine maximale. Une condamnation qui s’ajoutait alors à une première peine de prison à perpétuité, en 1997, pour le meurtre de trois hommes, dont deux policiers.
it"Les traîtres vont payer"
Au début de l’audience, le terroriste âgé de 63 ans, vêtu d’une veste de costume noire, d’une chemise blanche et d’un foulard, n’a pas montré un seul signe de faiblesse face aux parties civiles et à leurs représentants. Et ce malgré l’absence de ses avocats - dont Me Isabelle Coutant-Peyre, qui est aussi sa compagne, et Me Francis Vuillemin. Le "Chacal" a en effet "interdit" à ses deux avocats d’assister au procès, qui est, selon lui, un procès à perte pour sa défense. "Ma défense se trouve dans une situation terrible : elle n’est plus payée par l’État vénézuélien. Des fonctionnaires haut placés au Venezuela, et notamment l’ambassadeur vénézuélien en France, l’ont sabotée", a-t-il expliqué avec un fort accent sud-américain.
"Les traîtres vont payer et, quand je dis cela, je ne parle pas d’argent, ils vont payer de leur sang", a prévenu Carlos, torse bombé et poing serré.
Du mythe au "ballon de baudruche"
Le "Chacal" s’est toutefois vu attribuer, à sa demande, deux avocats commis d’office, qui l'assisteront à toutes les audiences, pour que le procès puisse avoir lieu. "Une blonde, une brune ?", a-t-il plaisanté sur un ton sarcastique à leur propos. Une saillie que n'a guère goûté le président du tribunal, qui lui a donné un premier avertissement, avant de le rappeler à l'ordre à plusieurs reprises. Quand il n’adoptait pas une attitude nonchalante, les mains enfouies dans les poches de son pantalon, Carlos n'a cessé, en effet, d'interpeller les magistrats ou l’avocat général par leur patronyme, leur lançant : "Je veux connaître vos noms à tous", menaçant.
Des provocations habituelles de la part de Carlos. Peu avant le début de l’audience, Me Francis Szpiner, avocat de plusieurs victimes, confiait ainsi, peu impressionné : "Nous allons encore avoir droit à une oraison funèbre de Kadhafi ou autres. Mais, désormais, le masque de Carlos est tombé. C’était un mythe, c’est désormais un ballon de baudruche qui se dégonfle de manière pathétique."
Six semaines à perdre
Malgré son attitude offensive, Carlos avoue ne pas attendre grand-chose de ce procès, si ce n’est l’acquittement de Christa Frohlich - absente du tribunal -, une Allemande de 70 ans qu'il présente comme une amie rejugée pour un attentat après avoir été acquittée en première instance en 2011.
Pour l’avocat de cette dernière d’ailleurs, il n’y a pas de suspense en ce qui concerne Carlos. "Je vais vous le donner, moi, le verdict : perpétuité. Nous sommes là pour perdre six semaines", a déclaré Me Bernard Ripper, avant de préciser que ce laps de temps permettra au moins à Carlos de bénéficier d’une tribune.
Le verdict est attendu le 26 juin.