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François Hollande évoque "l'impossible réparation" des ravages de l'esclavage

Citant le poète martiniquais Aimé Césaire, François Hollande a évoqué, lors d'une cérémonie à Paris, "l'impossible réparation" de l'esclavage, "outrage fait par la France à la France". Le président a en revanche prôné le devoir de mémoire.

À l'occasion de la journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions, le président français, François Hollande, a souligné, vendredi 10 mai, depuis les jardins du Luxembourg à Paris, "l'impossible réparation" des ravages de l'esclavage, "outrage fait par la France à la France".

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"Le seul choix possible, le plus digne, le plus grand, le plus responsable, c'est celui de la mémoire"

Le chef de l’État a ainsi rejeté l'idée de réparations morales et financières pour les dégâts causés par l'esclavage, réclamées par le Conseil représentatif des associations noires (Cran). 

Cette association a par ailleurs décidé de poursuivre la Caisse des dépôts et consignations en justice pour avoir, selon elle, tiré profit de l'esclavage en recueillant, notamment, la "rançon" imposée à Haïti pour son indépendance.

"Il y aurait une note à payer et ensuite ce serait fini ? Non, ce ne sera jamais réglé'", a tranché François Hollande, faisant référence au poète martiniquais Aimé Césaire, dont le centième anniversaire de la naissance sera célébré cette année.

"L'histoire ne s'efface pas. On ne la gomme pas", a ajouté le président, qui s’exprimait en présence de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, à l'origine de la loi de 2001 reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité. "Elle ne peut faire l'objet de transactions au terme d'une comptabilité qui serait en tous points impossible à établir. Le seul choix possible, le plus digne, le plus grand, le plus responsable, c'est celui de la mémoire, c'est la vigilance, c'est la transmission."

Les associations partagées

"Les gens qui volent n’aiment pas qu’on les accuse et encore moins qu’on leur demande de rendre ce qu’ils ont pris, regrette le président du Cran, Louis-Georges Tin, sur le plateau de FRANCE 24. Il y a pourtant mille et une façons de réparer les choses. Le musée de l’esclavage serait, par exemple, une réparation morale. Nous le voulons, François Hollande s’y refuse." Et d’ajouter : "François Hollande trahit l’esprit même du texte d’Aimé Césaire car ce texte est favorable aux réparations. Ce n’est pas très honnête".

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"C'est la paix des mémoires réconciliées qui permettra à la France d'être plus forte"

Plusieurs autres associations ne partagent cependant pas la position du Cran. Serge Romano, président du Comité marche du 23-Mai, qui a notamment aidé de nombreux Antillais à retrouver la trace de leurs ancêtres, dit refuser la "posture de la réparation", qu'il juge "politiquement dangereuse".

"Une fois qu'on aura donné de l'argent, tout sera fini ? Vous serez réhabilité, réparé ? Non, ce n'est pas sérieux et c'est surtout dangereux parce que se baser sur le ressentiment, c'est encore une fois être dans le conflit et ne pas être dans la solution", a-t-il dit à des journalistes.

Même scepticisme du côté du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage. "Que la question des réparations soit posée, je le comprends", a déclaré à Reuters sa présidente Myriam Cottias. "Mais les enjeux sont beaucoup plus de travailler à lutter contre les représentations racialisées, racialisantes des personnes issues de l'esclavage. C'est un enjeu sociétal et politique beaucoup plus important."

Lors de la cérémonie, François Hollande a rappelé la nécessaire lutte contre "toute discrimination, ce poison contre l'égalité". "Si l'esclavage a disparu en France, la haine, le mépris qui l'ont rendu possible sont, eux, toujours là", a-t-il dit, appelant à combattre le racisme "sans répit, sans faiblesse et sans silence".

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Analyse des differences entre l'esclavagisme et le colonialisme avec Marcel Dorigny, historien
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Avec dépêches