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Michelin et Total nient détenir des comptes au Liechtenstein

Les groupes français Michelin et Elf Trading ont démenti les informations du "Parisien", selon lesquelles ils feraient l'objet d'une enquête pour "blanchiment de fraude fiscale". Adidas, elle aussi pointée du doigt, reste silencieuse.

Ils s’appellent Michelin, Adidas et Elf Trading (racheté par Total en 2000). Trois groupes de notoriété internationale. Trois groupes qui intéressent particulièrement la justice française. Selon "Le Parisien", le parquet de Paris s'apprête à ouvrir une enquête pour "blanchiment de fraude fiscale" visant notamment les trois multinationales.


Les investigations porteraient sur des comptes détenus au Liechtenstein par des fondations étroitement liées aux trois holdings. "Dès que la procédure sera ouverte, un service de police compétent sera saisi", a assuré le parquet de Paris au quotidien français. De son côté, le ministre français du Budget, Eric Woerth, a confirmé devant les caméras de LCI que trois groupes feraient l’objet d’une procédure judiciaire. Sans préciser leur nom.


Les services du ministère des Finances prennent en tout cas l’affaire très au sérieux, affirme "Le Parisien". Pour Bercy, les faits seraient "susceptibles de recevoir une autre qualification pénale" que la simple évasion fiscale.


Cela fait plus d’un an que les autorités françaises s’intéressent aux litigieux comptes. Le 26 février 2008, Berlin fait parvenir à Paris une liste de clients français de LGT, une banque du Liechtenstein, soupçonnés d’évasion fiscale. Une soixantaine d’entreprises de l’Hexagone serait concernée. Montant total de la fraude selon Bercy : un milliard d’euros. Seule une quinzaine des groupes épinglés aurait, depuis, payé leur dû au fisc. D’autres se disent prêts à régulariser leur situation, a indiqué Eric Woerth.

Démenti formel de Michelin et Total


Restent Michelin, Elf Trading et Adidas. Les deux premiers ont affirmé, ce matin, n’être l'objet d'aucune enquête pour blanchiment d'argent. "Le groupe Michelin dément formellement les informations parues dans l'édition du 31 mars du 'Parisien', a indiqué à l’AFP un porte-parole de la société. Michelin ne détient aucune fondation (...) et ne possède aucun compte au Liechtenstein dans la banque LGT."

Même son de cloche du côté de Total, propriétaire d’Elf Trading : "Nous n'avons pas de fondation Elf Trading au Liechtenstein servant à faire du blanchiment d'argent", a indiqué une porte-parole du groupe.

Seul Adidas est resté, pour l'heure, silencieux.


Cette affaire démontre en tout cas la détermination des autorités françaises à lutter contre l’évasion fiscale. Selon Transparency international France (TIF), quelque 10 milliards d’euros dus par les entreprises échapperaient, chaque année, au fisc français. A deux jours de l’ouverture du sommet du G20, Paris semble vouloir montrer qu’il n’est pas prêt à lâcher du lest sur ce qui constitue, à l’instar de Berlin et Londres, l’un de ses chevaux de bataille : la réglementation du secret bancaire au sein de l’Union européenne et la lutte contre les paradis fiscaux.


"Les gouvernements s’en sont souvent pris aux paradis fiscaux, sans que cela soit suivi d’effets, constate Jacques Terray, vice-président de TIF, interrogé par FRANCE 24. Mais aujourd’hui, la France semble montrer que ses récentes déclarations contre le secret bancaire n’ont pas été enterrées."


La pression s’accentue donc sur les centres financiers "offshore". Les pays habituellement montrés du doigt en Europe, tels Andorre et le Liechtenstein, l’ont bien compris qui ont, ces dernières semaines, fait montre de leur bonne volonté. "Ces pays consentent à faire des efforts car ils ont peur d’être considérés comme des repères de brigands", observe Jacques Terray. Des brigands en col blanc, certes, mais des brigands tout de même.