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La crise devrait dominer le conseil des ministres franco-allemand

Le président Sarkozy devrait tenter de convaincre la chancelière Angela Merkel d'engager l'Allemagne, dont le budget est excédentaire, dans un plan de relance européenne massif, à l'occasion du conseil des ministres franco-allemand.

Dix jours après le G20 de Washington, le président français Nicolas Sarkozy va tenter lundi à Paris de convaincre la chancelière Angela Merkel, jusque-là très réticente, d'engager tout le poids économique de l'Allemagne dans un plan de relance européen.

Alors que la zone euro est officiellement entrée en récession pour la première fois de son histoire, le 10e conseil des ministres franco-allemand qui se réunit à la présidence française sera quasi-exclusivement consacré à la situation économique difficile des deux voisins et aux remèdes à y apporter.

Conformément aux recommandations adoptées par les 20 "grands" de la planète le 15 novembre, la Commission européenne s'apprête à dévoiler mercredi ses propositions pour un programme de soutien à l'économie des 27.

Selon des indiscrétions de Berlin que Bruxelles et Paris se sont jusque-là refusé à confirmer, ce "paquet" totaliserait 130 milliards d'euros, soit l'équivalent de 1% de la richesse des pays de l'Union européenne (UE). Nombre de ses membres réclament ce plan de relance, qu'ils s'apprêtent à accompagner de mesures nationales. En présentant jeudi son "fonds souverain" à la française, le président en exercice de l'UE Nicolas Sarkozy a milité pour une "stratégie offensive" et promis pour "les prochaines semaines" un plan français de "relance des infrastructures".

Mais, avant même d'être présentée, l'initiative européenne bute sur les réticences de l'Allemagne, fer de lance économique des 27. Car si elle a volontiers soutenu le principe d'une relance européenne, Angela Merkel refuse d'ouvrir son porte-monnaie pour y participer.

Au nom d'une stricte orthodoxie financière, la chancelière a fait savoir qu'elle ne voulait pas "verser un sou de plus". En clair, Berlin estime avoir déjà "fait son devoir" européen en engageant 32 milliards d'euros sur deux ans pour son économie, et refuse de remettre en cause son quasi-équilibre budgétaire pour jouer les locomotives du continent.

Depuis le début de la crise, l'Allemagne a déjà freiné plusieurs fois les velléités européennes. Elle a ainsi longtemps refusé, avant de s'y rallier, un plan européen de sauvetage des banques et continue à s'opposer fermement à l'idée de "gouvernement économique européen" poussée par M. Sarkozy.

Malgré ces "Nein" répétés, M. Sarkozy compte bien obtenir lundi un "Ja" de sa partenaire au plan de relance de la Commission. Il en a peaufiné jeudi soir les détails avec son président José Manuel Barroso. "On ne veut rien imposer à l'Allemagne, mais elle s'est prononcée à Washington pour la relance de toutes les économies, y compris la sienne", rappelle l'Elysée. "Si chaque pays décide dans son coin (...) l'impact psychologique en terme de restauration de la confiance sera bien moindre qu'une décision prise à 27", argumente-t-on.

Avant de se rendre à Londres le 8 décembre pour en discuter avec le Premier ministre britannique Gordon Brown, le chef de l'Etat français estime donc indispensable l'appui de Mme Merkel pour faire adopter ce plan de relance ambitieux, lors du Conseil européen de la mi-décembre.

Optimiste, l'Elysée juge que "les choses sont en train d'évoluer lentement" à Berlin en faveur d'une "relance ciblée" à l'échelle des 27. Et préfère imputer ces difficultés à la situation politique intérieure allemande plutôt qu'à une nouvelle fâcherie avec la chancelière.

Les autres sujets au menu lundi, comme le paquet énergie-climat ou l'Europe de la défense, devraient permettre à eux seuls, assure-t-on à Paris, de montrer la bonne santé du "moteur franco-allemand".