La NRA, l'association pro-armes qui vient d'élire son nouveau président, a de beaux jours devant elle. Malgré le choc provoqué par la tuerie de Newtown en décembre, les États-Unis ne semblent pas se diriger vers une plus grande régulation des armes.
"Nous sommes engagés dans une guerre culturelle." Les premiers mots du tout nouveau président du lobby pro-armes NRA (Nationa Rifle Association), James Porter, ont frappé les esprits, la semaine dernière, alors que les États-Unis sont à nouveau en plein débat sur la détention des armes à feu. Dans son collimateur : le président américain Barack Obama, à l’origine de plusieurs propositions de loi visant à mieux réguler le commerce des armes.
Ce débat est revenu sur le devant de la scène en décembre dernier, après la tuerie de Newtown, dans le Connecticut, au cours de laquelle une vingtaine d’enfants ont été tués. Barack Obama a ordonné la formation d’une commission chargée de proposer un certain nombre de mesures. Trois textes ont été présentés devant le Sénat. Le premier pour interdire les fusils d’assaut et les armes automatiques, le second visant à limiter la capacité des chargeurs des pistolets, et le troisième proposant d’imposer un contrôle plus strict des antécédents judiciaires et médicaux des acheteurs d’armes. Tous ont été retoqués par le Sénat.
Plusieurs États sont même allés plus loin dans le bras de fer avec le gouvernement en adoptant des législations diamétralement opposées à la politique prônée par la Maison Blanche. Le Dakota du Sud a ainsi voté, en mars dernier, une loi visant à autoriser les professeurs à venir armés dans leurs écoles. Selon les élus locaux, cette nouvelle disposition, qui entrera en vigueur en juillet, devrait permettre d’éviter des tueries similaires à celle de Newtown en donnant la possibilité au personnel encadrant d’assurer la sécurité des enfants. Ces professeurs volontaires bénéficieront du même entrainement que celui dispensé aux policiers.
Une logique discutable
"Plusieurs États ont l’ambition de faire passer des lois similaires à ce qui se fait dans l’État du Dakota du Sud, comme le Missouri ou l’Oklahoma", explique Stanislas de Saint-Hippolyte, correspondant de FRANCE 24 aux États-Unis. "Plusieurs villes et districts scolaires l’ont déjà fait, poursuit-il. Dans une petite ville de Géorgie par exemple, les autorités municipales ont décidé de rendre obligatoire la présence d’une arme dans chaque maison de la ville pour qu’en cas de danger et en l’absence d’un policier, n’importe qui puisse défendre la sécurité de la ville si besoin."
Une logique discutable à laquelle la très influente NRA - forte de plus de quatre millions de membres - est loin d’être étrangère. "La NRA joue un rôle énorme dans la façon dont elle façonne les opinions et dans sa façon de pousser à avoir toujours plus d’armes", affirme Stanislas de Saint-Hippolyte. "La logique de la NRA tient à dire : ‘Pour protéger nos enfants contre un méchant qui leur veut du mal, il n’y a rien de tel qu’un gentil qui ait une arme chez soi’. Les armes font partie de l’univers américain. Il faut s’éloigner des grandes villes pour le voir mais quand on va par exemple dans le Dakota du Sud, on s’en rend bien compte."
La tuerie de Newtown a provoqué un électrochoc aux États-Unis au sujet de la circulation des armes. Au lendemain du drame, de nombreux citoyens se sont prononcés en faveur d’un durcissement des lois sur le sujet. Mais, petit à petit, ce soutien de la population s’est émoussé. Et d’autres se sont tournés vers la NRA. Depuis la tuerie, l’association a même affirmé avoir enregistré un million d’adhésions en plus. Aux États-Unis, entre 30 % et 50 % des foyers américains possèdent une arme. Dans le pays, on compte 88,8 armes pour 100 habitants. C’est l’un des taux les plus élevés de la planète.