
L'armée et la garde nationale tunisiennes mènent une offensive importante contre un groupe de djihadistes dans la région du mont Chaambi et du Kef, à la frontière algérienne. Une dizaine de gendarmes et militaires ont été blessés ces derniers jours.
Les forces tunisiennes étaient engagées mercredi 1er mai dans une vaste offensive contre plusieurs dizaines de djihadistes retranchés dans une zone escarpée et difficile d'accès située près de la frontière algérienne.
"Il y a deux groupes, l'un au Mont Chaambi d'une quinzaine, vingtaine de personnes, on connaît leurs noms (...) un autre est dans la région du Kef près de la frontière algérienne", a déclaré le porte-parole du ministre de l'Intérieur Mohamed Ali Aroui à l'AFP, sans apporter plus de précisions sur ce second groupe de jihadistes.
itIl n'y a pas "d'affrontements directs" selon le ministre, mais "un ratissage par des tirs".
Un peu plus tôt, une source sécuritaire avait indiqué à l'AFP que le groupe était composé de plus "d'une cinquantaine de salafistes djihadistes bien armés". Cette même source a précisé que certains seraient des vétérans islamistes revenus du Nord-Mali.
David Thomson, le correspondant de FRANCE 24 à Tunis, rappelle que les accrochages entre djihadistes et forces de l'ordre sont, depuis six mois, réguliers dans cette région du nord-ouest de la Tunisie. "En décembre, la garde nationale avait, selon le ministère de l'Intérieur, démantelé un campement de djihadistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique, explique-t-il. Trente-six personnes avaient été arrêtées mais une trentaine d'autres, bien armées, bien entraînées, sont depuis pourchassées autour de cette montagne Chaambi. C'est avec ce groupe que les combats ont lieu en ce moment."
Les forces de l'ordre dépassées
Les autorités, qui ont simplement confirmé qu'une traque d'un groupe terroriste était en cours, ont indiqué qu'une dizaine de militaires et de gendarmes avaient été blessés par des explosions de mines lundi et mardi. Les forces de l'ordre apparaissent de plus en plus dépassées par ce conflit qui les oppose à la guérilla islamiste.
"Les hauts gradés ne font pas mystère de leurs vives inquiétudes, constate David Thomson. Quand des groupes armés sont repérés, certains agents ont peur et refusent de les interpeller. La frontière entre l'Algérie et la Tunisie est extrêmement poreuse, le trafic d'armes explose mais les forces de l'ordre n'ont pas les moyens de le contrôler. Les effectifs sont mal entraînés, mal équipés. Si nous ne changeons rien, nous allons nous faire massacrer", prédisait un colonel tunisien il y a quelques jours.
Si la présence djihadiste dans cette région remonte à la guerre civile algérienne, ces mouvements se sont considérablement renforcés depuis les révolutions arabes. "Le groupe de djihadistes dont on parle aujourd'hui a pour objectif de former des combattants, mais aussi de faire passer au Mali des armes venues de Libye ainsi que des combattants tunisiens ou libyens, en passant par le maquis algérien. Cette situation est donc directement liée au contexte géopolitique régional", explique David Thomson.
Afficher La région de Chaambi (Tunisie) sur une carte plus grande