
Au moins 100 détenus sont en grève de la faim à Guantanamo. Face à l'ampleur du mouvement, des renforts médicaux ont été envoyés sur place. Le président Barack Obama a promis mardi de nouveaux efforts pour fermer la prison controversée.
À Guantanamo, la grève de la faim, débutée il y a bientôt trois mois, fait craindre le pire aux autorités américaines. 100 détenus sont désormais en grève de la faim, le nombre de protestataires ayant passé samedi la barre des 60 %, selon le bilan officiel de la prison. De plus en plus de voix ont donc lancé un cri d'alarme pour que le président Barack Obama honore sa promesse de fermer la prison controversée, où 166 détenus sont toujours enfermés, la plupart sans charge ni procès.
"À moins que le président Obama n'agisse vite, je pense qu'il est très probable qu'un
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ou plusieurs détenus succombent", a déclaré à l'AFP le colonel Morris Davis, ancien procureur militaire de Guantanamo. Interrogé par la presse, mardi 30 avril, le président américain a reconnu qu’il n’était "pas surpris" par les problèmes que connaissait la prison de Guantanamo et s'est engagé à redoubler d’efforts pour la fermer.
Face à l’ampleur du mouvement, les autorités militaires américaines ont annoncé, lundi 29 avril, l'envoi de nouveaux renforts médicaux à la prison. Ils viennent s’ajouter à la quarantaine d’infirmières et spécialistes de la US Navy arrivés le week-end dernier sur la base américaine érigée à Cuba.
"Nous ne laisserons pas nos prisonniers mourir"
Quelque 21 prisonniers sont désormais alimentés par des tubes reliés directement à l'estomac par la cloison nasale. Et parmi eux, cinq sont hospitalisés. "C'est le droit des détenus de protester. Cependant, c'est notre mission de leur fournir un environnement sain, humain et sûr et nous ne laisserons pas nos prisonniers mourir de faim", a justifié le lieutenant-colonel Samuel House, porte-parole de la prison. Il a précisé à l'AFP "qu'aucun détenu n'était près de mourir", démentant formellement les allégations du journaliste et historien spécialiste de Guantanamo Andy Worthington.
"Quatre prisonniers sont proches de la mort", avait récemment avancé l'expert britannique, citant une "source crédible à l'intérieur de Guantanamo". "Tous les jours, je me prépare à entendre le pire", a précisé M. Worthington à l'AFP. "Je suis stupéfait que le président Obama n'ait rien fait et continue de ne rien faire".
Parmi ces quatre détenus, figure Khiali Gul, un Afghan faisant partie des 86 détenus qui peuvent, selon les autorités, être libérés ou rendus à leur pays, en l'absence d'éléments à charge. Rappelant que le Comité international de la Croix-Rouge a qualifié le niveau de désespoir de "sans précédent", la sénatrice démocrate Dianne Feinstein a demandé dans une lettre au président américain de "renouveler ses efforts pour transférer les 86 détenus" qui ont reçu le feu vert des autorités militaires, et réexaminer son moratoire sur les 56 d'entre eux qui sont Yéménites.
Pour Andrea Prasow, avocate à Human Rights Watch, "il n'y a jamais eu de moment aussi critique à Guantanamo". Ce serait une "crise incroyable" au niveau humanitaire mais aussi pour la sécurité nationale "si quelqu'un mourrait à Guantanamo", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Ce serait perçu à l'extérieur des États-Unis comme la responsabilité du gouvernement américain".
Avec dépêches