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"Affrontement" franco-allemand : la polémique continue

Après le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, plusieurs responsables du gouvernement français ont dénoncé les attaques au vitriol lancées par le Parti socialiste contre la chancelière allemande Angela Merkel. Berlin n'a pas réagi.

"Le couple franco-allemand est désormais entré dans une ère glacière." Dans son édition à paraître ce lundi, le magazine allemand Der Spiegel réagit à la charge virulente portée contre la chancelière Angela Merkel par plusieurs ténors socialistes français. Une charge qui suscite aussi des critiques en France, plusieurs membres du gouvernement ayant dénoncé dimanche des propos "irresponsables".

Dans un projet de texte, élaboré en vue de la convention du PS sur l’Europe prévue le 16 juin, publié vendredi, le Parti socialiste français accuse Angela Merkel d'"intransigeance égoïste". Le parti au pouvoir appelle ainsi à un "affrontement démocratique" avec l'Allemagne, faisant écho à un plaidoyer de Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, en faveur d'une "confrontation" avec Berlin.

Valls et Sapin refusent la "confrontation"

Ces propos sont "irresponsables, démagogiques et nocifs", a dénoncé dimanche le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, dans une interview au quotidien “Aujourd'hui en France". "Ils risquent de mettre en très grande difficulté la relation historique entre nos deux pays, essentielle pour l'avenir de l'Union européenne", a-t-il ajouté.

Le ministre du Travail, Michel Sapin, a lui aussi récusé l'idée d'une "confrontation" nécessaire avec l'Allemagne. "Il ne s'agit pas de se confronter avec un pays, il s'agit encore moins de se confronter avec une personne, a-t-il commenté dimanche. Il s'agit de débattre en Europe à vingt-sept, et pas simplement avec l'Allemagne, de la meilleure politique possible dans les mois et les années qui viennent pour faire en sorte que toute l'Europe retrouve de la croissance et que toute l'Europe remette de l'ordre dans ses finances".

Samedi, c'est le Premier ministre lui-même qui était monté au créneau pour tenter d'éteindre l'incendie. Dans deux tweets, qu'il a pris soin de publier en français et en allemand, Jean-Marc Ayrault a souligné que "l'amitié franco-allemande est indispensable pour redonner un nouvel élan au projet européen et trouver les voies du retour de la croissance". Il a ajouté qu'"on ne résoudra pas les problèmes de l'Europe sans un dialogue intense et sincère" entre les deux pays.

Au cours du week-end, et au regard des réactions que son projet de texte a suscitées, le Parti socialiste a toutefois consenti à baisser légèrement le ton. Une nouvelle mouture du projet, expurgé de toutes les références à Angela Merkel, sera présenté mardi au bureau national du parti.

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Michel Sapin, ministre du Travail
"Affrontement" franco-allemand : la polémique continue

Pas de réaction de Berlin

Claude Bartolone, en revanche, maintient ses positions. Sur son blog, il a affirmé dimanche qu'il "ne se tairait plus". "Une confrontation est nécessaire", a-t-il répété. Razzy Hammadi, un député PS, s'est également déclaré "abasourdi" par le "hold-up intellectuel consistant à dire qu'on ne doit pas être dans la confrontation contre ce que représente Angela Merkel".

Du côté du gouvernement allemand, aucune réaction. "Les autorités allemandes ont choisi la retenue car elles ne souhaitent en aucun cas aggraver encore davantage les tensions au sein du couple franco-allemand, explique la correspondante de FRANCE 24 à Berlin, Anne Mailliet. On s'est aussi résignés ici au fait que le président français François Hollande et Angela Merkel ne parviendraient plus à accorder leurs violons sur la politique de sortie de crise."

Ces attaques contre la chancelière interviennent à cinq mois seulement des élections législatives en Allemagne. Il paraît peu probable, dans ce contexte, qu'Angela Merkel envisage de faire un geste à l'attention de Paris. "Ce sont la fermeté et l'intransigeance de la chancelière en matière de politique budgétaire et de rigueur qui la rendent extraordinairement populaire auprès de son électorat", analyse Anne Mailliet.

Avec dépêches