L'ancien chef militaire tchétchène, Soulim Iamadaïev, qui est aussi un farouche opposant au président pro-russe de Tchétchénie Ramzan Kadirov, a été tué samedi dans un attentat, à Dubaï. L'information a été révélée ce lundi.
AFP - Soulim Iamadaïev, ancien chef militaire en Tchétchénie et rival du président tchétchène pro-russe Ramzan Kadyrov, a été tué par balle à Dubaï, ont annnoncé lundi la police de l'émirat et le consulat de Russie sur place.
Cité sur le site internet de la police de Dubaï, son chef, le général Dahi Khalfan Tamim, a déclaré qu'"il semble s'agir d'un assassinat".
La victime, âgée de 36 ans, a été attaquée dans le parking de son immeuble, a expliqué le chef de la police, disant croire qu'elle avait fait l'objet d'une opération de surveillance avant d'être abattue.
Le consul de Russie à Dubaï, Sergueï Krasnogor, cité par l'agence russe Itar-Tass, a confirmé qu'il s'agissait bien de Soulim Iamadaïev, ancien commandant du bataillon Vostok, qui a combattu au côté des forces fédérales russes contre les indépendantistes tchétchènes.
"Nous espérons que les forces de l'ordre émiraties mèneront une enquête minutieuse et arrêteront ceux qui sont liés à la mort de Iamadaïev. Les forces de l'ordre et les autorités tchétchènes sont prêtes à fournir toute l'aide nécessaire", a déclaré un porte-parole de M. Kadyrov, Ali Karimov, à l'agence russe Ria Novosti.
Les médias russes avaient d'abord indiqué que Soulim Iamadaïev, qui avait quitté la Russie par peur pour sa vie après l'assassinat de son frère en septembre 2008, était grièvement blessé.
"Il est actuellement dans un hôpital de Dubaï (..) Soulim est dans un état grave, il est inconscient et personne n'est autorisé à le voir mais je pense qu'il va s'en sortir", avait dit son frère cadet, Issa, au quotidien Moskovski Komsomolets paru lundi.
Selon une source proche de la victime, citée par l'agence Ria Novosti, Soulim Iamadaïev est décédé lundi à l'hôpital.
Lors du premier conflit russo-tchétchène (1994-1996), Soulim Iamadaïev a combattu du côté des rebelles. En novembre 1999, juste après le début du deuxième conflit, il a rejoint avec la majorité de ses hommes les forces fédérales russes.
De 2003 à 2008, il a dirigé le bataillon Vostok, composé de soldats tchétchènes et intégré à la 42e division motorisée du ministère russe de la Défense, stationnée en Tchétchénie.
Il a été révoqué en mai 2008 sur fond de rivalité entre sa famille et le nouvel homme fort de Tchétchénie, le président Ramzan Kadyrov. En août 2008, la justice russe avait lancé un mandat d'arrêt contre lui pour enlèvement et meurtre d'un homme d'affaires tchétchène en 1998.
Son frère Rouslan, ancien député du parti pro-Kremlin Russie unie, a été tué par balle en plein centre de Moscou au volant de sa voiture le 24 septembre 2008. Soulim avait alors accusé Ramzan Kadyrov d'être derrière le meurtre et promis de venger son frère.
Selon la presse russe, M. Kadyrov, qui contrôle de puissantes milices locales intégrées aux troupes du ministère russe de l'Intérieur, voulait se débarrasser des rares forces échappant encore à son contrôle. Les bataillons Vostok et Zapad ont été dissous à la fin 2008.
Ce n'est pas la première fois qu'un Tchétchène est visé dans le Golfe.
En 2004, le leader tchétchène indépendantiste Zelimkhan Iandarbiev a été tué dans un attentat au Qatar.
Deux agents russes du renseignement condamnés à perpétuité pour son assassinat par la justice du Qatar ont été remis à la Russie la même année afin qu'ils y purgent leur peine, selon les autorités de Doha.