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Le bilan s'alourdit après l'effondrement d’un immeuble près de Dacca

Au moins 251 personnes sont mortes et 1 000 autres ont été blessées mercredi dans l’effondrement d’un bâtiment de huit étages près de Dacca. La veille, des ouvriers ayant constaté des fissures, avaient publiquement fait part de leurs inquiétudes.

Le bilan de l’effondrement d’un immeuble de la banlieue de Dacca, la capitale du Bangladesh, s’est alourdi à 251 morts, pour la plupart des femmes travaillant dans la confection, et un millier de blessés.

De nombreuses personnes sont toujours bloquées sous les décombres plus de vingt-quatre heures après le désastre.

Le gouvernement a décrété une journée de deuil national et les drapeaux ont été mis en berne sur les édifices publics.

Le Rana Plaza, un bâtiment de huit étages situé à Savar, à 30 km de Dacca, abritait des ateliers de confection et un centre commercial.

Jeudi, au lendemain du drame, des corps mais aussi des survivants étaient toujours retirés des ruines et les secours poursuivaient leurs recherches, parfois à mains nues, dans une chaleur suffocante.

"J’ai cru que c’était un tremblement de terre", a raconté Shirin Akhter, une ouvrière de 22 ans payée l’équivalent de 29 euros par mois, qui commençait sa journée de travail quand l’immeuble s’est effondré. Elle est restée coincée pendant plusieurs heures avant de pouvoir être dégagée.

Des corps enveloppés dans des linceuls blancs ont été alignés dans la cour d’une école voisine, où des parents et des proches viennent aux nouvelles et sont parfois appelés à identifier une victime.

Selon le président de l’Association des fabricants et des exportateurs de vêtements (BGMEA), Mohammad Atiqul Islam, 3.122 ouvriers se trouvaient à l’intérieur du bâtiment mercredi.

Des fissures avaient été repérées mardi, a-t-il dit citant des responsables locaux.

Selon Mohammad Asaduzzaman, responsable de la police, les propriétaires des ateliers de confection n’auraient pas tenu compte d’un avertissement leur demandant d’interdire à leurs salariés l’accès au bâtiment après la détection de ces fissures.

L’autorité de développement de la ville de Dacca a engagé des poursuites pour construction défectueuse contre le propriétaire du Rana Plaza, l’homme politique local Mohammed Sohel Rana, qui a pris la fuite.

Colère des ONG

Les autorités ont également porté plainte contre le propriétaire et cinq ateliers de confection pour homicide.

Un millier d’employés du secteur textile ont manifesté jeudi devant les locaux de la BGMEA. Ils ont jeté des pierres sur le bâtiment et affronté la police anti-émeute. Ces employés exigent la fermeture de l’ensemble des usines textiles et de sévères condamnations pour les propriétaires en cas d’accident.

De nombreuses marques de vêtements européennes et nord-américaines font fabriquer leurs produits au Bangladesh, où près de 3,6 millions d’ouvriers travaillent dans l’industrie de la confection, ce qui en fait le deuxième pays exportateur de vêtements au monde derrière la Chine.

En novembre dernier, un incendie dans une usine textile d’Ashulia, banlieue industrielle de la capitale bangladaise, avait fait 112 morts et 150 blessés.

Face à de telles tragédies, plusieurs ONG mettent en cause les conditions de travail et l’exploitation des salariés du tiers-monde par l’industrie textile.

Pour le Britannique John Hilary, directeur de War on Want, la volonté des grands distributeurs occidentaux de toujours réduire les coûts augmente la pression sur les fournisseurs étrangers, avec des conséquences inévitables sur les mesures de sécurité et d’hygiène.

"Plus les coûts doivent baisser, moins il est possible de respecter les normes dans ces domaines et on en arrive à des catastrophes comme celle de mercredi", a-t-il dit.

"Il faut que ces négligences cessent. La mort de ces ouvrières aurait pu être évitée si les sociétés internationales, les gouvernements et les propriétaires d’usine avaient pris en compte la sécurité des salariés."

Un avis partagé par Gareth Price-Jones, directeur de l’ONG britannique Oxfam au Bangladesh.

"Les acheteurs occidentaux pourraient faire beaucoup plus, ils en ont le devoir moral", a-t-il souligné.

Reuters

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