Six jours après la mise en détention de Karim Wade, le fils de l’ancien président sénégalais, des manifestants se sont rassemblés dans les rues de Dakar pour crier à l’injustice. Reportage.
"Libérez Karim, Libérez Karim !", scandaient, mardi, quelque 2 500 manifestants rassemblés dans le centre de Dakar pour réclamer la libération de Karim Wade, le fils et ancien ministre de l’ex-président Abdoulaye Wade.
L'ancien "super ministre" d’Abdoulaye Wade, chef de l’État sénégalais entre 2000 à 2012, a été interpellé le 15 avril, mis en examen et placé en détention à la prison centrale de Dakar le 18 avril 2013. La justice accuse Karim Wade d’avoir illégalement acquis divers biens et société estimées à près d'un milliard d'euros. Il a été inculpé "d'enrichissement illicite" par un juge de la commission d'instruction de la Cour de répression de l'enrichissement illicite, une juridiction spéciale.
"Karim est dans les mains de Macky Sall. Il veut détruire Karim et le PDS [Parti démocratique sénégalais, NDLR] et ça ne va pas se passer comme ça ! On ne va pas l'accepter", fulmine une manifestante devant les cameras de FRANCE 24. "Karim fait parti des gens qui ont bâti le Sénégal, avec son père. Karim, on est là pour lui", tempête un autre. Lorsqu'il était encore campagne, l'actuel président Macky Sall avait juré de faire de la lutte contre la corruption sa priorité, avec dans son collimateur le fils du président Wade. Le PDS dénonce, de son côté, un "acharnement politique" contre Karim Wade et une "chasse aux sorcières" contre les dignitaires de l'ancien régime.
En tête du défilé, plusieurs responsables du Parti démocratique sénégalais, parmi lesquels figurent d’anciens ministres récemment entendus par la gendarmerie ou la justice dans le cadre d'enquêtes pour enrichissement illicite. Parmi eux, Ousmane Ngom, ex-ministre de l’Intérieur et responsable du PSD. "Quelque soit les harcèlements et l'acharnement que nous suivions de la part du régime, nous maintiendrons le cap comme l'a tracé maître Abdoulaye Wade", assène le dirigeant. "Si on doit faire des audits, si on doit faire la révision des comptes, cela doit se faire pour tout le monde", assure t-il à FRANCE 24.
Aujourd’hui, quatre juges instruisent l'affaire. Ils ont six mois pour boucler leur enquête et fixer une date de procès.