Le 19 avril 1943, une poignée de juifs du ghetto de Varsovie entamait une révolte contre les nazis. Seules quelques dizaines de personnes ont survécu. Varsovie commémore aujourd’hui cette insurrection historique.
Les cloches des églises ont retenti dans les rues de la capitale polonaise, vendredi 19 avril au matin, jour du 70e anniversaire de l’insurrection de Varsovie. Le 19 avril 1943, après le début de l’opération de liquidation des 60 000 juifs - ils étaient initialement 480 000 - enfermés dans le plus grand ghetto de la Seconde Guerre mondiale, une poignée de survivants entame une révolte contre les nazis. Pour commémorer l’histoire des juifs polonais, un musée ouvre aujourd’hui ses portes dans la ville.
"Nous ne pensions en aucun cas que nous allons vaincre les Allemands. C’était clair", témoigne Simcha Rotem, dit Kazik, l’un des derniers combattants encore en vie. "En fait, moi, ce que je voulais c’était juste de pouvoir choisir ma mort, avoir une mort plus belle, une mort plus décente que la mort dans une chambre à gaz", poursuit-il, interrogé par l’AFP à la veille des cérémonies anniversaires de l’insurrection.
Pendant les trois semaines de combats, 7 000 juifs sont tués, la majorité brûlés vifs dans l’incendie systématique des maisons, et 50 000 sont déportés dans des camps d’extermination. Après avoir écrasé la révolte, les Allemands ont rasé le quartier. Très peu d’habitants ont survécu.
"C’est clair, nous n’attendions que la mort. Et puis, il y eut un miracle, quelques dizaines de personnes ont survécu", poursuit Kazik. C’est lui qui a réussi à guider une poignée d’insurgés par une bouche d’égout dans la rue Prosta, où un petit monument rappelle aujourd’hui cette fuite.
Trois millions de juifs polonais exterminés
Dans Varsovie, peu de vestiges du ghetto sont encore visibles. Restent seulement trois fragments du mur qui entourait l’endroit. L’un d’eux se trouve dans le jardin de Mieczyslaw Jedruszczak, qui, depuis 35 ans, ouvre volontiers sa porte aux visiteurs. "Certains Justes s’assoient et pleurent", témoigne l’homme, interrogé par FRANCE 24.
À Varsovie, il ne restait après la guerre qu’une seule synagogue. Elle est aujourd’hui noyée dans les barres d’immeubles et les gratte-ciel. La Pologne, qui a accueilli pendant des siècles la plus grande diaspora juive du monde, a traversé des années noires de nazisme et de communisme. Trois millions de juifs polonais ont été exterminés pendant l’Holocauste. Environ 300 000 ont quitté le pays après la guerre, fuyant l’antisémitisme entretenu par le régime communiste.
Aujourd’hui, à la date anniversaire de l’insurrection, un grand musée d’Histoire des juifs de Pologne ouvre ses portes là où, il y a 70 ans, des dizaines de milliers de personnes étaient fusillées. "Notre objectif, c'est éduquer, explique à l’AFP le directeur de l’établissement. Le musée est appelé à devenir un grand centre d'animation culturelle."
Pour Michael Schudrich, le grand rabbin de Pologne interrogé par FRANCE 24, le musée a une vocation universelle. "Il est pour tout le monde, précise-t-il à FRANCE 24. Pour les non-juifs, pour les juifs du monde entier et ceux qui vivent encore en Pologne. Une Mezuzah [emblème religieux apposé aux portes dans la religion juive] est pour nous le signe que l’on est chez nous."