
Le 5 mars, Hugo Chavez décède après 14 ans passés au pouvoir. Le "Comandante" laisse un pays divisé, en proie aux difficultés économiques, sociales et sécuritaires. Nos reporters sont allés à la rencontre des Vénézuéliens qui s’apprêtent à choisir un nouveau président.
À peine arrivons-nous à Caracas que nous sommes surpris. Nous allons faire le plein d’essence à la première station-service : 5 centimes d’euro ! Le Venezuela est l’un des pays doté des plus grandes réserves de pétrole au monde. Comme il exporte beaucoup, il en tire un bénéfice substantiel... sur lequel le défunt président Hugo Chavez a assis sa popularité.
D’abord, il a baissé le prix du pétrole à la pompe. Mais il a aussi beaucoup redistribué. Les plus pauvres se sont vu offrir des maisons, un système de soin, l’éducation et du travail. Le champion de la gauche latino-américaine définissait sa politique comme "le socialisme du XXIe siècle". L’opposition a toujours critiqué ces dépenses. Pour les opposants au régime, elles ont ruiné le pays - qui a connu entre 20 % et 30 % d’inflation en 2012 - et n’avaient pour seul but que de créer une base électorale fidèle.
Le pays est de plus en plus divisé. Et la succession de celui qui est resté 14 ans au pouvoir s’annonce délicate. Une étudiante nous confie qu’aujourd’hui, avant d’être vénézuélien, ici, on est soit chaviste, soit anti-Chavez.
Des millions de personnes sont venues rendre un dernier hommage au "Comandante" aux cris de "Nous sommes tous Chavez !" dès l’annonce de sa mort le 5 mars 2013. Dans les rangs de l’opposition, certains évoquent un décès au mois de décembre, alors que Chavez était encore soigné pour son cancer à Cuba. Selon eux, si sa mort a été annoncée aussi tard, c’est pour deux raisons. Une raison symbolique d’abord : Staline est mort un 5 mars. Une raison politique ensuite : il fallait du temps à Nicolas Maduro, le dauphin de Chavez, pour s’assurer du soutien de l’armée et prendre la succession de son mentor.
Pour beaucoup d’observateurs, c’est l’armée qui détient les clefs du pays. On évoque déjà un possible coup d’État si Nicolas Maduro n’était pas à la hauteur de sa tâche. Une tâche immense : réunifier les Vénézuéliens, redresser un pays exsangue et faire baisser la criminalité. Caracas est l'une des villes les plus dangereuses du monde.