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Quatre mois après la fusillade de Newtown, les démocrates ont remporté ce jeudi un vote crucial au Sénat américain, permettant l'ouverture d'un débat sur le renforcement de la législation concernant les armes à feu.

C’est une petite victoire contre le lobbie pro-armes. Ce jeudi, les démocrates américains ont reçu l’appui de plusieurs sénateurs républicains pour remporter le vote permettant l’ouverture d’un débat historique concernant un renforcement de la législation sur les armes à feu. Lors d’un scrutin de procédure où 60 voix sur 100 étaient requises, 68 sénateurs ont voté pour l’ouverture des discussions, 31 contre. 

Une première victoire, donc, tant les sénateurs républicains, farouchement opposés à toute réforme concernant les armes à feu, ont multiplié cette semaine les artifices de procédure pour empêcher la tenue même d’un débat. 

Vérifier les antécédents psychiatriques des acheteurs

La Maison Blanche s'est félicitée de ce vote, tout en soulignant qu'il ne s'agissait que d'une "première étape". Car ce vote donne seulement la possibilité aux sénateurs de débattre sur la question. Reste désormais à les convaincre de voter sur le fond. Plus précisément, de voter en faveur de l’une des mesures du projet de loi, portée par le démocrate Joe Manchin et le républicain Pat Toomey, consistant à vérifier les antécédents judiciaires et psychiatriques des acheteurs d’armes à feu, dans les foires spécialisés ou sur internet. Pour l’heure, seuls les magasins sont soumis à un contrôle obligatoire.

"Nous avons un accord [...] pour empêcher les criminels, les malades mentaux et déséquilibrés de se procurer des armes", a déclaré Joe Manchin. "Si vous vous rendez dans une foire, vous serez traité de la même façon que dans un magasin, soumis aux vérifications", a-t-il ajouté.

Cette mesure, soutenue par neuf Américains sur dix, est toutefois dénoncée par les lobbies, comme la National Rifle Association (NRA), qui y voient un risque d’affaiblir le deuxième amendement et l'opportunité pour le gouvernement de constituer un fichier national des détenteurs d'armes. Le chemin vers une législation pourrait donc être encore jalonné d’obstacles et Barack Obama craint de voir la plupart de ses propositions vidées de leur substance par des séries d'amendements.

"Leur mort doit avoir un sens"

Le président américain compte sur le traumatisme engendré par le massacre de l’école de Sandy Hook, à Newtown, en décembre 2012, pour convaincre les sénateurs du bien-fondé d’une législation plus sévère sur le contrôle des armes à feu.

Le scrutin de jeudi s'est d'ailleurs déroulé sous le regard de plusieurs proches de victimes de la fusillade. Un peu plus tôt, lors d'une conférence de presse tenue dans une atmosphère lourde d'émotion, ils avaient témoigné devant les caméras pour appeler le Sénat à prendre des mesures contre la violence due aux armes.

"Leur mort mérite d'avoir un sens", a lancé Jillian Soto, la sœur d'une enseignante tuée à Newtown. "Nous sommes ici pour protéger leur héritage, pour leur rendre hommage et exiger que quelque chose soit fait".

Avec dépêches