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En réaction au scandale Cahuzac, plusieurs personnalités politiques ont décidé de publier leur déclaration de patrimoine, dans un souci de transparence et de lutte contre la fraude fiscale.

Alors que Matignon prévoie de présenter un projet de loi d’ici le 24 avril pour moraliser la vie politique, la machine s’emballe au sein de la classe politique. Taxés de "tous pourris" à la suite du scandale provoqué par les aveux et la mise en examen de Jérôme Cahuzac, les membres du gouvernement seront tenus de publier leurs déclarations de patrimoine d’ici le 15 avril. Pour l’heure, certains politiques, socialistes mais aussi membres de l’UMP et écologistes, ont déjà fait le choix de prouver leur bonne foi en exposant leurs biens à la vue de tous.

Trois logements et une assurance-vie pour Carlotti

À commencer par Marie-Arlette Carlotti, seule membre du gouvernement Ayrault à avoir mis cartes sur table pour le moment. "La faute grave commise par un ancien membre du gouvernement ne peut pas et ne doit pas jeter le doute sur l'ensemble des femmes et des hommes politiques", se justifie la ministre déléguée en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion. Selon un sondage OpinionWay pour LCI et Le Figaro, 77 % des personnes interrogées jugent que les élus et les dirigeants politiques français sont "plutôt corrompus".

Ainsi, pour l’exemple, la ministre a exposé ce lundi sur son blog le détail de ses biens : un appartement de 130 m² à Marseille, un maison dans l’Hérault et un appartement en Corse. La Marseillaise n’oublie pas de mentionner son assurance-vie de près de 40 000 euros ainsi que plusieurs comptes bancaires et d’épargne. Deux voitures, une Smart et une Toyota, viennent compléter le tableau.

Laurent Wauquiez assure n’avoir "presque pas d’épargne"

Dans un entretien au Journal du Dimanche daté du 7 avril, l’ancien ministre Laurent Wauquiez s’est, lui aussi, prêté à l’exercice, expliquant son geste par un choix : "Entre le syndrome 'tous pourris' et la transparence, je choisis la transparence, même si elle comporte des excès".

Parmi ses possessions, deux logements "à 50 %", ainsi que deux Peugeot, l’une quasi neuve, l’autre achetée d’occasion. Le député UMP de Haute-Loire assure, par ailleurs, n’avoir presque pas d’épargne et avoir encore près de 550 000 euros de crédit à rembourser. "On ne doit pas faire de la politique si on aime trop l’argent", analyse-t-il pour l’hebdomadaire.

Par contagion ou conviction, plusieurs dirigeants et cadres d'Europe Ecologie-Les Verts, dont les ministres Cécile Duflot et Pascal Canfin, ont affiché dimanche leur intention de faire de même, ce lundi. Le député UMP Bruno Lemaire a, quant à lui, fait état sur son blog de mobilier et d'œuvres d’art d'un montant total estimé à 35 000 euros, ainsi que d'une part de SCI.

"Une société de l’inquisition"

Si certains écologistes voient dans ce grand déballage l’"opportunité pour plus de transparence pour lutter contre les paradis fiscaux", le député vert Noël Mamère, contacté par FRANCE 24, pointe au contraire une dérive qui pourrait provoquer l’effet inverse.

"Je ne suis pas favorable à cette course à la vertu. Je considère que prendre ce type d’initiative, c’est céder à la tyrannie de l’émotion de l’instant", affirme le député de Gironde. Pire : "Cela pose les jalons d’une société de l’inquisition, et cette précipitation est une manière de renforcer les soupçons. Or, on ne peut pas cautionner cette idée selon laquelle, entre le pouvoir et la rue, il n’y aurait rien d’autre que de la méfiance".

Selon lui, le rétablissement de la confiance entre la population et les hommes politiques ne peut se faire que d’une seule façon : par la loi, et notamment le renforcement du rapport Sauvé, car "les outils existent déjà". Ce rapport a été établi en 2011 par le vice-président du Conseil d’État Jean-Marc Sauvé au lendemain de l’affaire Woerth-Bettencourt afin de prévenir les conflits d’intérêts. Préconisant notamment une loi de déontologie et l’interdiction du cumul d'un mandat ministériel et local, il avait à l’époque divisé l’UMP.