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Hollande en visite d’État au Maroc pour resserrer les liens économiques

Le chef de l’État effectue mercredi et jeudi une visite officielle au Maroc. Si aucun contrat ne doit être signé, Paris entend bien consolider la relation privilégiée avec son premier partenaire économique du Maghreb.

Le programme de la visite de François Hollande au Maroc

Mercredi 3 avril à Casablanca
14h00 : Entretien avec le roi Mohammed VI.
15h00 : Cérémonie de signature d’accords et de contrats bilatéraux
16h00 : Inauguration de la station de traitement des eaux de Médiouna.
17h00 : Allocution en l’honneur de la communauté française.
20h30 : Dîner d’Etat.

Jeudi 4 avril à Rabat
10h30 : Entretiens avec le Premier ministre Abdelilah Benkirane, le président de la Chambre des représentants Karim Ghellab, le président de la Chambre des conseillers Mohammed Cheikh Biadillah.
11h45 : Discours devant le Parlement.
13h15 : Intervention de clôture du Forum économique avec les chefs d’entreprise français et marocains.
15h30 : Rencontre avec les étudiants à Université internationale de Rabat.
17h00 : Conférence de presse du président de la République.
18h00 : Rencontre avec des personnalités de la société civile.

En plein scandale Cahuzac, François Hollande entame mercredi un voyage de deux jours au Maroc. Pour cette visite à la fois économique et diplomatique, le chef de l’État aura pour mission de renforcer les liens avec son premier partenaire économique du Maghreb, de plus en plus courtisé pour sa croissance économique et sa stabilité politique.

La France a en revanche perdu sa place de premier partenaire commercial, aux dépens de l'Espagne l'année dernière. Un rang que Paris entend bien reconquérir. "Nous ne voulons pas nous reposer sur nos lauriers, nous ne considérons pas que nous avons des positions acquises, et nous investissons dans des domaines d'avenir", a noté la semaine dernière un diplomate parisien.

Pour cela, François Hollande sera accompagné d’au moins huit ministres, dont celui des Affaires étrangères Laurent Fabius, celui chargé du développement, Pascal Canfin, et  de Yamina Benguigui en charge de la Francophonie. À noter qu’Arnaud Montebourg, qui a milité pour rapatrier les emplois délocalisés en masse au Maroc, ne sera pas du voyage. Une soixantaine de patrons accompagneront également le président Hollande au Maroc, où sont implantées 750 entreprises françaises, dont 36 du CAC 40. Au total, elles emploient 80 000 et 100 000 personnes.

Reconquête

Ce voyage est donc axé sur le thème de la reconquête. "La relation entre les deux pays est très dense et fluide. Le Maroc est un partenaire très intime, très proche, l'enjeu de la visite est de se donner les moyens de maintenir une relation de haut niveau", affirme-t-on à l'Elysée. Le chef de l'Etat rencontrera le roi Mohammed VI à Casablanca, puis s'entretiendra à Rabat avec le Premier ministre Abdelilah Benkirane, en évitant les sujets houleux.

En décembre dernier, le président français avait choisi pour son premier déplacement en Afrique du Nord le pays voisin et rival, l’Algérie, et envoyé, dans le même temps, Jean-Marc Ayrault à Casablanca pour inaugurer le tramway réalisé par Alstom. Un épisode fâcheux pour les Marocains mais désormais oublié, a affirmé cette semaine un conseiller diplomatique français, car "le Maroc a compris le besoin immédiat qu'avait la France de reconstruire une relation avec l'Algérie" et sa volonté de jouer "un rôle utile entre les deux pays".

- Aucun contrat signé sur le plan économique

La visite de François Hollande comporte un important volet économique, bien qu'aucun contrat significatif ne soit attendu. En revanche, des signatures sont prévues pour accompagner des projets déjà lancés, posés lors de la visite du Premier ministre Jean-Marc Ayrault les 12 et 13 décembre derniers. Il s’agit des domaines des transports ferroviaires (tramway, métro, ligne à grande vitesse), de l'agroalimentaire, du traitement de l'eau, des énergies renouvelables.

Aux côtés de Mohammed VI, le président français inaugurera, mardi, une station d'épuration des eaux à Mediouna, dans le grand Casablanca, projet mené par la Lydec (Lyonnaise des eaux de Casablanca, filiale de GDF-Suez) et rencontrera des chefs d'entreprises français et marocains.

Il devrait également relancer l'idée de "colocalisation", sorte de partenariat "gagnant gagnant" entre entreprises françaises et marocaines censé éviter les délocalisations et générer des emplois dans les deux pays.

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- Saluer la position marocaine sur le Mali

L’hôte de l’Élysée s'exprimera, mercredi matin, devant le Parlement marocain à Rabat. "Il utilisera cette tribune pour aborder les grands sujets de l'heure", comme la Syrie, les printemps arabes ou encore le processus de paix au Proche-Orient, a indiqué son entourage.

Il devrait surtout saluer la position marocaine sur le Mali. "Le roi Mohammed VI a pris des positions très nettes en faveur de l'intervention française, qu'il est allé défendre devant ses pairs" au sommet islamique du Caire, le 6 février, souligne Paris, qui cherche le soutien du Maroc, membre du Conseil de sécurité des Nations unies.

- Éluder la contestation sociale

La visite de François Hollande sera également l'occasion d'encourager les évolutions de la société marocaine, qui a échappé aux "printemps arabes" vécus par d'autres pays comme la Tunisie et l'Egypte. Le roi Mohammed VI a favorisé cette transition sans heurts en nommant, en janvier 2012, Abdelilah Benkirane, issu de la mouvance islamiste au poste de Premier ministre. "Le Maroc a changé, il change, il va dans la bonne direction. Dans un contexte où les printemps arabes offrent beaucoup de potentiel, mais aussi des risques, le Maroc a trouvé sa voie", dit-on dans l'entourage du président français.

Toutefois, des problèmes sociaux demeurent en raison du chômage et de la vie chère. Dimanche, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Rabat "pour l'ensemble des droits et des libertés". Un sujet qui ne devrait pas être évoqué par François Hollande. 

- Conserver sa position sur le Sahara occidental

Concernant le Sahara occidental, que se disputent l'Algérie et le Maroc depuis 1975, la position de la France reste la même : Paris soutient le plan d'autonomie marocain comme "base sérieuse et crédible" de discussion et compte sur une "solution négociée dans le cadre de l'ONU".

De son côté, le Front Polisario, soutenu par Alger, milite pour un référendum d'autodétermination. Dans une lettre ouverte publiée par le quotidien francophone algérien privé El-Watan, le président du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, a appelé mardi la France à "réviser sa position".