![Affaire Cahuzac : l’amère victoire de Médiapart Affaire Cahuzac : l’amère victoire de Médiapart](/data/posts/2022/07/18/1658133918_Affaire-Cahuzac-l-amere-victoire-de-Mediapart.jpg)
Quatre mois après la publication du premier article de Médiapart accusant Jérôme Cahuzac d’évasion fiscale, l’ex-ministre du Budget a finalement avoué. Une victoire au goût amer pour le co-fondateur du site qui a essuyé nombre de critiques acerbes.
"Ce qui est triste dans cette affaire, c’est qu’il ait fallu quatre mois, quatre mois de bataille d’un journal indépendant pour que cette vérité s’impose à tous". Interrogé par FRANCE 24, mardi 2 avril, Edwy Plenel, président et co-fondateur du site d’enquêtes Médiapart, apparaît amer. Il vient pourtant de gagner le combat qu’il mène depuis quatre mois aux côtés de ses journalistes, qui ont révélé début décembre l’existence d’un compte bancaire en Suisse appartenant à l’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac. Le "monsieur rigueur" du gouvernement Ayrault, chantre de la lutte contre la fraude fiscale, a finalement avoué qu’il avait bien placé 600 000 euros non déclarés en Suisse, puis à Singapour.
Mais, loin de tout triomphalisme, Edwy Plenel estime qu’"accabler Cahuzac ne sert à rien". "La responsabilité n’est pas seulement la responsabilité individuelle de Jérôme Cahuzac", explique-t-il sur FRANCE 24. "Il s’est enferré dans ce mensonge avec la complicité de la majorité de la classe politique de droite comme de gauche et, hélas, d’une grande partie du monde médiatique. Les informations aujourd’hui reconnues par monsieur Cahuzac étaient sur la table depuis début décembre", poursuit le journaliste. Puis, de préciser, dans Le Monde, dont il a été directeur de la rédaction jusqu’en 2004 : "Ce qui fait le malheur de la démocratie ne rend pas heureux les journalistes".
Entre la publication, le 4 décembre 2012, du premier article de Médiapart concernant l’affaire du compte de Cahuzac en Suisse et les aveux du principal intéressé, le site d’information a en effet essuyé accusations et critiques mettant en cause le sérieux du travail journalistique du site. Ainsi, Jean-Michel Apathie, chroniqueur politique de RTL et à Canal +, n’a cessé de dénoncer une "enquête inaboutie". "Un journalisme sans preuves, c’est comme un yaourt aux abricots sans abricots : une arnaque", écrivait-il ainsi sur son blog le 20 mars dernier, au lendemain de la démission de Jérôme Cahuzac. Bruno Roger-Petit, du Nouvel Observateur, s’interrogeait par ailleurs : "Peut-on avancer l'idée que sous prétexte de défendre la démocratie et la République, Mediapart et Plenel contribuent, de fait, à les affaiblir ?"
it"Petits Robespierre de la justice"
Du côté de la classe politique, des attaques aussi virulentes que celles qu’avait subi Mediapart au moment de l’affaire Bettencourt – Nadine Morano l’avait qualifié de "journal hitléro-trostkiste"– ont refait surface au cours des quatre derniers mois. Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale a ainsi, après la démission du ministre du Budget le 19 mars, dénoncé le règne de la "rumeur médiatique". Le même jour sur LCP, le député socialiste Thierry Mandon, affirmait que les journalistes de Médiapart étaient "des procureurs qui instruisent à charge". Et Guillaume Peltier, vice-président de l’UMP, a fustigé, sur BFM-TV, des "petits Robespierre de la justice que sont monsieur Plenel et ce site d’extrême gauche".