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Boris Johnson se relèvera-t-il de sa piètre prestation sur la BBC ?

Après avoir longtemps bénéficié de la bienveillance des médias, le maire de Londres s'est fort mal sorti d'une interview musclée à la BBC. Accident de parcours ou coup d’arrêt à l’ascension politique de l'idole des conservateurs britanniques ?

Jusqu’à récemment, Boris Johnson pouvait dire merci aux médias. En reprenant largement ses bons mots et ses provocations, ils ont contribué à conférer à l'impétueux maire de Londres une stature internationale et à renforcer sa popularité.

Mais tout a changé dimanche 24 mars. Le fougueux, bouillonnant et charismatique politicien conservateur britannique est apparu sous un jour très désavantageux durant une interview diffusée sur la chaîne britannique BBC. Face aux questions du journaliste Eddie Mair, Boris Johnson a peu à peu perdu ses moyens médiatiques et s’est retrouvé incapable d’apporter des réponses satisfaisantes.

“Pourquoi avoir inventé une citation ?”, commence par demander Eddie Mair en référence à un épisode peu glorieux qui lui avait valu d'être licencié d'un poste de journaliste. Après quelques cafouillages, ce dernier reconnaît ne pas être très fier de ce fait d’armes. Deuxième salve : Eddie Mair cuisine Boris Johnson sur un mensonge qu’il a proféré en 2005 à Michael Howard, le chef des "tories" de l’époque. Il avait alors nié l'existence d’une liaison qu’il avait pourtant bel et bien entretenue. Conséquence : Boris Johnson s'était fait renvoyer de l'équipe de campagne de Michael Howard. Face à ce rappel des faits, l’actuel maire de Londres demande carrément à son interlocuteur de parler d'autre chose.

Aussitôt demandé, aussitôt fait : l’intervieweur enfonce le clou en rappelant au maire de Londres que, d’après un documentaire de la chaîne BBC2, il aurait accepté de donner le nom d’un journaliste à une connaissance qui avait menacé de le tabasser. “Au final, n’êtes-vous pas un sale type ?”, assène alors Eddie Mair. Le regard baissé vers le sol et visiblement sonné par cette triple charge, Boris Johnson tente de s’en tirer en disant que s’il avait le temps “il pourrait expliquer chacun des trois points”.

"Maladroit comme un ancien boxeur sur le retour"

La prestation catastrophique de l’édile londonien a fait l’effet d’une bombe. Le père de Boris Johnson s’en est violement pris, mardi, à la chaîne publique britannique pour avoir diffusé “la plus abjecte des interviews journalistiques depuis longtemps”. Le fiston, retrouvant son bagout habituel, a joué la carte de l’humour déclarant : “si un journaliste de la BBC ne peut plus attaquer un méchant politicien conservateur, où va le monde ?” Il a ensuite rendu hommage à Eddie Mair qui a, d’après lui, fait “un travail splendide”.

Pas sûr cependant que l’hommage rendu par Boris Johnson à son bourreau suffise à calmer les ardeurs des adversaires de celui qui est donné comme le prochain patron du parti conservateur britannique. “C'était son heure de vérité, et il a semblé à bout de souffle, maladroit comme un ancien boxeur poids lourd sur le retour", note sur son blog Stephen Tall, un politicien Lib-dem (libéral démocrate).

“Espérons que la bulle Boris Johnson explose enfin après cela”, se met à rêver dans le quotidien britannique de gauche "The Guardian" Dave Hill. Pour cet écrivain et blogueur, le maire de Londres est devenu une véritable marque dont la notoriété repose essentiellement sur sa maîtrise de la communication. Si son image médiatique ressort durablement ternie de ce face-à-face télévisuel, il ne lui restera “plus que son bilan très moyen à la tête de Londres”, écrit le chroniqueur.

Même les conservateurs ont souligné à quel point la prestation du maire de Londres était mauvaise et pouvait lui nuire. “Oh mon Dieu, nous venons d’assister à un crash télévisuel. Boris Johnson doit trouver des meilleures réponses à ces questions”, soulignait en direct sur Twitter Tim Montgomerie, membre du parti conservateur et contributeur régulier au quotidien "The Times". Benedict Brogan, rédacteur en chef adjoint au très conservateur "Daily Telegraph", rappelle que "Boris a jusqu'à présent bénéficié de la complaisance des médias qui ont laissé de côté son passé pour se délecter de sa personnalité”. Le journaliste craint que cette interview permette d’ouvrir la boîte de Pandore et marque le début de la saison de la chasse au Boris Johnson.