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En RDC comme au Niger, l'uranium attise l'appétit des Français

à Kinshasa – L'entreprise Areva, contrôlée par l'État français, a conclu jeudi un accord de prospection de l'uranium prometteur avec le gouvernement de la RDC. Le nucléaire a été au cœur de la tournée africaine du président français Nicolas Sarkozy.

La tournée africaine de Nicolas Sarkozy, accompagné de la patronne du groupe nucléaire français Areva, a été placée sous le signe de l'uranium, non seulement au Niger vendredi, mais également en République démocratique du Congo la veille.


Avant même l'arrivée du président français à Kinshasa jeudi matin, Anne Lauvergeon hante les couloirs du palais du président congolais Joseph Kabila. Lui seul peut autoriser l'ouverture d'une mine d'uranium. Un large sourire barre le visage de la présidente du directoire d'Areva: elle est venue signer un accord qui lui réserve l'exclusivité de la prospection de l'uranium en RDC. Areva produit actuellement 6 000 tonnes d'uranium par an.


Comme l'explique le professeur Dona Kampata, coordinateur de la Cellule technique de coordination et de planification minière du gouvernement congolais, les gisements connus d'uranium se trouvent dans la province du Katanga, au sud du pays. Une longue bande de roches qui regorgent également de cuivre, de cobalt, de nickel et de manganèse y présente des réserves certaines d'1,9 million de tonnes de minerai, soit plusieurs dizaines de milliers de tonnes d'uranium. Des gisements plus modestes pourraient être découverts dans la province du Bas-Congo.

L'uranium était jusqu'ici réservé à une société d'Etat


Les données sur les réserves congolaises sont anciennes. "Les méthodes modernes d'exploration, notamment par avion, n'ont jamais été utilisées, explique Anne Lauvergeon. Y a-t-il ici in challenge pour le Niger ? C'est trop tôt pour le dire."


Selon elle, l'accord signé jeudi est "une première", puisque la législation congolaise réservait jusqu'ici l'uranium à la société d'Etat Gécamines, en pleine restructuration après sa faillite à la fin des années 1990. L'entreprise reste propriétaire des mines connues et Areva devra conclure des accords avec elle.

Exploitées dès la colonisation belge en 1900, les mines du Katanga ont fourni l'uranium de la bombe atomique d'Hiroshima en 1945. Mais leur exploitation a cessé en 1960. Après des années de guerre, le pays aurait bien besoin des revenus miniers de l'uranium.


La relance de l'industrie nucléaire mondiale suscite les convoitises de ces ressources inexploitées, mais aussi les inquiétudes sur le trafic de matières fissiles. "La traçabilité et la transparence seront mieux assurées avec une entreprise française qu'avec les Chinois ou d'autres, qui avaient aussi demandé à exploiter des gisements", déclare Dona Kamapata.