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L'éditeur et écrivain Jean-Marc Roberts est mort à l'âge de 58 ans

Jean-Marc Roberts, patron des éditions Stock, est décédé lundi en fin de matinée des suites d'un cancer à l'âge de 58 ans. Le romancier venait de publier un ouvrage sur sa maladie, "Deux vies valent mieux qu'une".

Romancier prolixe et éditeur atypique, Jean-Marc Roberts, mort lundi à 58 ans d'un cancer, venait de consacrer un récit à la maladie qui le rongeait, "Deux vies valent mieux qu'une", lui qui avait toujours conjugué ses deux passions.

Le patron de Stock "nous a quittés comme il a vécu, avec lucidité et panache, en auteur et en éditeur de grand talent", ont souligné avec émotion sa maison d'édition et Hachette Livre.

"Il était devenu un éditeur audacieux et avait découvert de nombreux talents. Jean-Marc Roberts était aussi un passionné de cinéma", a déclaré le président de la République François Hollande.

De son côté, la ministre de la Culture, dont Jean-Marc Roberts avait publié en 2003 le premier roman, reçu par la poste, "Les derniers jours de la classe ouvrière", a salué son "éditeur" et son "ami".

"S'il était un éditeur remarquable, fidèle, attentif, généreux, toujours si disponible, c'est parce qu'il était lui-même un très grand écrivain", a souligné Aurélie Filippetti. "Il nous laisse à jamais le souvenir d'une intelligence vive, irrévérencieuse, débordante d'humour et d'amour".

Ami fidèle, Jean-Marc Roberts avait créé dans ses livres un univers au pessimisme joyeux, mettant à nu son enfance, ses amours, ses blessures et ses complicités.

En 2011, il avait ainsi offert à son camarade de jeunesse François-Marie Banier, mis en cause dans l'affaire Bettencourt, un plaidoyer, "François-Marie" (Gallimard). Il y racontait leurs frasques de mauvais garçons surdoués, adoubés par Aragon.

Puis, leurs trajectoires avaient divergé. "Tout se termine en famille et tu n'en fais pas partie", écrivait-il à son ami perdu de vue depuis 30 ans.

Gérant et directeur éditorial des éditions Stock depuis 1998, Jean-Marc Roberts est né le 3 mai 1954 d'un père américain, Edwin Roberts, resté outre-Atlantique, et d'une mère italienne, Ada Lonati, comédienne en quête de rôles et femme fantasque, qu'il n'a jamais appelée "maman". Elle-même le surnommait "petit gros"...

Il lui avait consacré en 1998 le roman "Une petite femme" (Grasset).

"Affectif"

Dans plusieurs romans, ce père de deux grands enfants d'un premier mariage, et d'un plus jeune, évoque aussi la figure paternelle, absente: "Monsieur Pinocchio", "Affaires personnelles", "Mon père américain"...

Bel homme au regard moqueur pailleté de tristesse, il avait commencé à écrire à 15 ans. Son quatrième manuscrit est accepté au Seuil par Jean Cayrol, qui deviendra son maître à penser. C'est "Samedi, dimanche et fête", en 1972, qui lui vaut son premier prix. Il a 17 ans.

Il entre chez Julliard deux ans plus tard et pratique toujours les deux métiers, éditeur dans plusieurs maisons et écrivain. Des livres où il voile et dévoile sa propre vie. "Un roman doit toujours contenir un secret", disait-il.

C'est avec "Méchant", en 1985, qu'il plonge dans l'autobiographie.

Nombre de ses auteurs (Michel del Castillo, Erik Orsenna...) le suivront dans ses différentes maisons: "Je suis très affectif. J'ai autant besoin d'eux qu'ils ont besoin de moi...", disait-il.

A 25 ans, il obtient le Renaudot pour "Affaires étrangères" et écrit le scénario de son adaptation par Pierre Granier-Deferre, "Une étrange affaire", prix Louis-Delluc 1981. Il écrira plusieurs scénarios, dont celui d'un autre de ses romans, "L'Ami de Vincent".

"Les bons livres me donnent envie d'écrire, même si je ne me laisse pas influencer par eux". Le seul qui l'ait fait, c'est Hervé Guibert avec "A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie", avouait-il en 2010 dans L'Express.

Il édite aussi chez Stock des romanciers explosifs, Christine Angot ("Les Désaxés", "Une partie de coeur") ou Jean-Eric Boulin ("Supplément au roman national"), et tout récemment Marcela Iacub ("Belle et Bête"), mais aussi Eric Faye, Simonetta Greggio, Colombe Schneck, la Finlandaise Sofi Oksanen.

Auteur de plus de vingt romans, il a écrit ces dernières années "Je te laisse", "Cinquante ans passés", "La Prière".

Amaigri par la maladie, il confiait il y a quelques mois: "Mes livres semblent tellement légers que je finirai par m'envoler avec eux".

AFP