
Invité de FRANCE 24, l'ancien Premier ministre Martin Ziguélé, président du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) et opposant de longue date à François Bozizé, revient sur la prise de Bangui par les rebelles de la Séléka.
FRANCE 24 : Comment accueillez-vous La prise de Bangui et du pouvoir par la Séléka ?
Martin Ziguélé : Dès que les membres de la Séléka qui particpaient au gouvernement d’union nationale ont décidé de rejoindre leurs troupes sur le terrain et que Bozizé a refusé de céder à leurs revendications, qui au départ n’étaient que politiques, il était clair que l’issue militaire était inévitable. De toute façon, l’ancien président Bozizé s’était résolument inscrit dans cette démarche. Depuis le 11 janvier en effet, date de la signature de l’accord de Libreville, il n’a eu de cesse de créer des conditions d’échec de cet accord. Il n’a manifesté aucune volonté politique de le respecter.
Michel Djotodia, qui a pris les rênes du pays, affirme qu’il veut dialoguer avec toutes les parties. Quelle est votre position ?
Le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MPLC), fait déjà partie de la Coalition de l’opposition démocratique et nous sommes au gouvernement du Premier ministre Nicolas Tiangaye. Nous souhaitons rester dans le cadre de l’accord de Libreville auquel nous croyons. Pour ce qui est de la légitimité, de la légalité, aujourd’hui, seul cet accord peut tracer le cadre au sein duquel on peut sortir le pays de la crise et aller sereinement vers le rétablissement de l’autorité de l’État, afin de parvenir à des institutions démocratiquement élues.
Le Conseil de Paix et Sécurité de l'Union africaine a suspendu lundi la participation de la Centrafrique à l'organisation et imposé des sanctions à sept responsables de la Séléka.
"Le Conseil décide de suspendre immédiatement la participation de la RCA (République centrafricaine) à toutes les activités de l'Union africaine ainsi que d'imposer des sanctions, à savoir des restrictions de voyage et le gel des avoirs des dirigeants de la Séléka", dont son chef Michel Djotodia, a annoncé le Commissaire à la Paix et la Sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra.
Quels sont les moyens dont disposent la Séléka et la Coalition pour garantir les objectifs de Libreville et un changement de la société centrafricaine qui soit bénéfique à la population ?
La Séléka a déjà montré sa capacité militaire à contrôler le pays, ce qui permettra de restaurer l’autorité de l’État. L’accord de Libreville est très important, il constitue un cadre institutionnel au sein duquel il faut rapidement établir une feuille de route précisant les actions à mener. Cet accord prévoit en premier lieu de garantir la libre circulation des biens et des personnes sur l’ensemble du territoire. La Séléka occupant 12 ou 13 préfectures sur 16, cela ne devrait pas être impossible à concrétiser.
Il faut également relancer l’économie en assurant la paix et la sécurité., ce qui singifie veiller à ce que personne ne puisse encore détenir des armes illégalement. La Séléka a le pouvoir de faire que force revienne à la loi. Il faut enfin que le gouvernement d’union nationale œuvre à réformer la justice et à préparer le processus électoral qui doit redonner très rapidement la parole au peuple dans un calendrier qui doit être négocié avec les différents partenaires. Seules des élections restaureront les institutions légitimes dans le pays.