
Bruxelles vit à l’heure chypriote. Une rencontre entre le président Anastasiades et les présidents du Conseil et de la Commission européenne a eu lieu dimanche, avant la réunion cruciale de l’Eurogroupe qui a débuté avec quatre heures de retard.
Le président chypriote était dimanche à Bruxelles pour une réunion de la dernière chance avec les bailleurs de fonds internationaux, sous la menace d'une faillite du pays et d'une sortie de l'euro.
Nicos Anastasiades est arrivé en début d'après-midi au siège du Conseil européen. Il a aussitôt eu une réunion avec les présidents du Conseil européen Herman Van Rompuy, et de la Commission José Manuel Barroso.
Des centaines d'employés de banques ont manifesté samedi après-midi à Nicosie et menacé de se mettre en grève si les autorités chypriotes ne garantissaient pas leur avenir.
Parti du siège de l'Union chypriote des employés de banques (Etyk), le cortège s'est rendu devant le palais présidentiel puis devant le Parlement, avant de commencer à se disperser dans le calme, même si la colère était palpable.
"Si vous ne garantissez pas nos fonds de pension, nous nous mettrons en grève à partir de mardi", date prévue de la réouverture des banques fermées depuis le 17 mars, a lancé Loizos Hadgicostis, président d'Etyk. "Nous reviendrons manifester demain (dimanche) devant le Parlement et cette fois-ci ce ne seront pas seulement les employés de banques, mais tous les Chypriotes", a-t-il ajouté, pendant que la foule scandait "Honte au Parlement" et "Nous allons faire la grève".
Les trois dirigeants ont ensuite été rejoints par les présidents de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi et de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, ainsi que la directrice du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, a-t-on appris de source européenne.
Il était arrivé un peu plus tôt en provenance de Nicosie, via Athènes, à bord d'un avion mis à sa disposition par la Commission européenne, selon le porte-parole du gouvernement, Christos Stylianides.
"Le président et sa délégation doivent s'acquitter d'une tâche difficile (...) pour éviter un défaut qui menace l'économie, en l'absence d'accord final sur le prêt" que doivent accorder l'UE et le FMI, avait-il indiqué.
Cette rencontre se déroule quelques heures avant une réunion décisive des ministres des Finances de la zone euro qui doit tenter de boucler le plan de sauvetage pour Chypre. Mme Lagarde et M. Draghi participeront à cet Eurogroupe qui doit débuter à 18H00 (17H00 GMT).
Après une journée de négociations-marathon à Nicosie avec des représentants de la troïka -Union européenne, BCE et FMI -, Nicos Anastasiades va devoir convaincre Bruxelles du sérieux du plan proposé pour réunir les 7 milliards d'euros exigés par la zone euro en échange d'un prêt international de 10 milliards.
"Les négociations sont à un stade très délicat. La situation est très difficile et le temps est limité", avait-il expliqué dans la nuit de samedi à dimanche à l'issue d'une réunion avec les responsables des partis politiques.
Selon un haut responsable du gouvernement chypriote, les tractations entre Nicosie et ses bailleurs de fonds prennent l'allure d'un bras de fer. Cité par l'agence CNA, sous couvert d'anonymat, il a critiqué samedi soir l'attitude "rigide" du FMI lors des négociations, en affirmant qu'il formulait "chaque demi-heure une nouvelle exigence".
Dans un entretien au journal Welt am Sonntag, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a averti Nicosie que son maintien dans la zone euro dépendait de la viabilité de son plan de sauvetage, estimant que le pays devait "s'attaquer aux problèmes à la racine" et se défaire d'un "modèle économique qui ne fonctionne plus".
Son homologue français, Pierre Moscovici, a enfoncé le clou en estimant qu'il fallait en finir avec une "économie-casino au bord de la faillite". "Sinon c'est vous, c'est moi, c'est nous qui allons payer la facture", a-t-il ajouté.
Chypre est aussi sous la menace directe de la BCE, qui veut couper les vivres aux banques dès lundi faute d'accord.
Samedi soir, le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn, avait lui aussi promis du sang et des larmes aux Chypriotes. Jugeant "essentiel" qu'un accord soit conclu ce dimanche, il avait reconnu qu'il n'y avait plus de "solutions optimales". "Il n'y a que des choix difficiles", avait-il affirmé.
Chypre et la troïka ont enregistré samedi soir des progrès, consistant principalement en un accord sur une taxe sur les gros comptes, selon les médias locaux.
Plusieurs télévisions chypriotes ont annoncé que les deux parties s'étaient accordées sur une décote de 20% des comptes au-delà de 100.000 euros à la Bank of Cyprus et une taxe exceptionnelle de 4% sur les comptes dépassant ce montant dans toutes les banques du pays.
La taxe exceptionnelle sur tous les dépôts bancaires envisagée dans un premier temps avait mis le feu aux poudres et avait été rejetée mardi par le Parlement.
Sur l'île, où les banques sont fermées depuis une semaine, la colère et la crainte des épargnants de voir leurs économies ou leurs fonds de pension partir en fumée montaient. De plus jeudi, la BCE a exigé, pour maintenir la fourniture de liquidités d'urgence aux banques chypriotes, qu'un accord soit trouvé d'ici à lundi.
"Si vous ne garantissez pas nos fonds de pension, nous nous mettrons en grève à partir de mardi", date prévue de la réouverture des banques, a lancé Loizos Hadgicostis, président de l'Union chypriote des employés de banques (Etyk), au cours d'une manifestation qui a réuni samedi plusieurs centaines d'employés de banques devant le Parlement et le palais présidentiel.
Dimanche matin, les murs du QG du parti du président étaient recouverts de tags tels "kleftes" (voleurs en grec) et "dehors".
Selon plusieurs sources proches des négociations à Bruxelles, le plan négocié comprend la restructuration de la Bank of Cyprus et de la Popular Bank (Laiki), qui "doivent disparaître" pour laisser la place à une nouvelle banque créée avec leurs actifs sains.
La mesure devait être complétée par une décote sur les actifs sains tirés des deux banques.
La loi de restructuration votée vendredi prévoit déjà le gel de tous les dépôts de la Laiki au-delà de 100.000 euros. Selon les médias locaux, la décote attendue sur les gros comptes de la Bank of Cyprus pourrait être compensée en bonds du Trésor, ce qui éviterait un vote au Parlement.
AFP