Dimanche, les habitants de Mayotte votent pour savoir si leur île doit devenir un département français. Paris regarde ce scrutin à la loupe car l'île assure plus de la moitié de toutes les reconduites à la frontière française. Reportage.
L’État français a les yeux rivés sur Mayotte, petite enclave française au milieu de l’océan Indien, alors qu'un référendum crucial s’y tient dimanche. Le nombre croissant d’immigrés clandestins qui y affluent chaque jour inquiète les autorités. Plus d’un tiers des 200 000 habitants de l’île seraient clandestins.
En 2008, environ 16 500 personnes ont été reconduites à la frontière, soit la moitié des expulsions dénombrées par le ministère de l’Immigration pour toute la France.
Des dizaines de personnes arrivent chaque jour et chaque nuit d’Anjouan, l’île comorienne la plus proche de Mayotte. Souvent en "kwasa kwasa", de petites barques peu stables, navigant dans une mer dangereuse car infestée de requins. La petite enclave française, riche, fait figure d’eldorado pour les Comoriens voisins, très pauvres.
Le centre de rétention de l’île, Pamandzi, fonctionne à plein régime. Un nouveau bâtiment va même être construit d’ici deux ans. "Les gens ne restent pas longtemps ici, 24 heures maximum", affirme un policier en faisant visiter le centre de rétention à Lucas Menget, l'envoyé spécial de FRANCE 24 à Mayotte.
Sur l’île, qui n’est pas soumise aux mêmes lois qu’en France, les arrêtés de reconduite à la frontière tombent rapidement: un individu peut être expulsé en 12 heures et les procédures d’appel ne sont pas suspensives.
Sur le pont du bateau le ramenant à Anjouan, un jeune homme lâche d'un ton décidé : "Dès que j’arrive là-bas, je reviens ici." Et ce n’est pas le seul. "En une semaine, on peut voir la même tête revenir deux ou trois fois", déclare un policier travaillant au centre de rétention.
L’habitude de circuler entre les îles de l’archipel a toujours existé. Mais depuis 1995, les ressortissants des îles voisines de Mayotte ne peuvent plus s’y rendre librement. La France a mis les grands moyens pour lutter contre l’immigration : vedettes rapides, radars au sol ou lunettes thermiques.