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Le jour où les services secrets américains ont manqué de tuer Ahmadinejad

En 2006, alors qu’il était chargé d’escorter le président iranien à une Assemblée générale des Nations unies, un agent des services secrets américains a malencontreusement tiré une balle qui a frôlé Mahmoud Ahmadinejad...

C’est un incident qui aurait pu changer le cours de l’Histoire. En septembre 2006, alors que Mahmoud Ahmadinejad se trouve à New York pour assister à une réunion de l’Assemblée générale des Nations unies, un des agents américains chargé de l’escorter a tiré par mégarde en direction du président iranien. L’agent spécial était en train d’ajuster son arme quand une balle est partie... et a frôlé le dirigeant iranien.

"Tout le monde s’est arrêté, raconte un témoin. Les Iraniens nous ont regardés et nous avons regardé les Iraniens. L’agent a commencé à s’excuser. Ahmadinejad a juste tourné la tête puis il est monté dans la voiture."

L’histoire, rapportée dès le lendemain dans une note adressée aux plus hauts dirigeants de l'administration Bush, a été tenue secrète jusqu'alors. C’est l’un de ces mêmes responsables américains qui a finalement décidé de révéler l’anecdote au journaliste Marc Ambinder, dans son ouvrage - à paraître - "Deep State: Inside the Government Secrecy Industry", dont le magazine américain "The Atlantic" a publié un court extrait.

À l’époque, la divulgation de l’incident aurait pu très sérieusement compliquer les relations américano-iraniennes. "Quand j’ai lu la note, je me souviens avoir fermé les yeux", raconte l’agent officiel. Il s'agissait en effet de "trois phrases qui ont donné des sueurs froides à la douzaine de hauts responsables de la Maison Blanche habilités à les lire", écrit Marc Ambinder.

"Ruiner de manière dévastatrice les relations entre les deux pays"

Il faut dire qu’en 2006, "l'administration Bush réfléchissait à la manière dont il fallait gérer le programme nucléaire iranien. Et un agent des services secrets venait juste de donner à l'Iran une opportunité de ruiner de manière dévastatrice les relations entre les deux pays. Ahmadinejad allait certainement révéler l'accident à la tribune des Nations unies. Il pouvait prétendre que les États-Unis avaient essayé de l'assassiner, et bouleverser ainsi toute la conférence", ajoute le responsable.

Étonnamment, pourtant, le président iranien, qui a sans aucun doute entendu la détonation, n’a jamais révélé l’incident. Pour Washington, le mutisme iranien était forcément coupable. Ou du moins calculé. "Leur silence a conduit la Maison Blanche à changer son regard sur Ahmadinejad. C'était une preuve que l'Iran agissait de manière stratégique, et donc avec prudence", indique le journaliste Marc Ambinder.