
Le champion olympique du 200 m Petro Mennea est décédé jeudi. Il restera comme l’un des plus grands sportifs italiens, mais aussi comme l’un des pionniers dans la consommation d’hormones de croissance.
Agé de 60 ans, l'Italien Pietro Mennea est décédé jeudi 21 mars à Rome. Il était atteint "d’un mal incurable", selon l'agence de presse italienne Ansa. La "Flèche du Sud", comme il était surnommé, avait remporté le titre olympique sur 200 mètres lors des Jeux olympiques de Moscou en 1980. Des JO disputés sans les Américains, absents pour cause de boycott.
Pietro Mennea fut quatre fois champion d'Europe (200 m en 1974 et 1978, 100 m en 1978, 400 m en salle en 1978), 2 fois médaillé de bronze aux JO (200 m en 1972 et 4x400 m en 1980) et médaille d'argent (4 x 100 m) et de bronze (200 m) aux Mondiaux en 1983.
L’athlète italien fut également administrateur de biens et professeur d'éducation physique et député européen de 1999 à 2004.
Aussi glorieuse que fut sa carrière, l’athlète avait aussi son côté sombre. "Il faut rappeler que dans l’histoire du sport, Pietro Mennea a été l'un des pionniers dans la consommation de l’hormone de croissance humaine. Il l’a révélé lui-même", explique à FRANCE 24 le docteurJean-Pierre de Mondenard, médecin du sport et historien du dopage. "En 1984, il décide d’arrêter sa carrière par dégoût du dopage. Or trois années plus tard, en 1987, il révèle qu’au moment où il disait cela, il prenait de l’hormone de croissance", ajoute le spécialiste.
"L’hormone de croissance humaine est extraite de cadavres"
À l’origine, l’hormone de croissance humaine est utilisée pour les problèmes de croissance des enfants. A l’époque des faits, elle n’est pas interdite car il n’y a pas de test pour la détecter. "Jusqu’en 1986, l’hormone de croissance humaine est extraite de l’hypophyse de cadavres décédés depuis moins de 48 heures, précise Jean-Pierre de Mondenard. Il y a la possibilité alors de transmettre la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Il va falloir attendre les années 86, 87, 88 pour que l’hormone de croissance soit confectionnée grâce à la génétique, empêchant alors toute transmission de la maladie."
"En 1984, lorsqu’il en prenait, il n’avait aucune certitude de ne pas attrapper quelque chose. Il jouait avec sa vie. Mais à cet âge-là, le mot santé ne fait pas partie du dictionnaire. À 25 ans, on se croit immortel", ajoute le médecin.
C’est à 27 ans que Pietro Mennea va entrer dans l’histoire à l’occasion des Jeux universitaires de Mexico. Le 12 septembre 1979, le natif de Barletta dans les Pouilles (Italie) s’empare du record du monde du 200 mètres en 19 secondes et 72 centièmes.
Un chrono canon qui ne sera battu que 17 ans plus tard, aux JO d'Atlanta de 1996, par l'Américain Michael Johnson (19’’32). Un temps dépassé depuis par le Jamaïcain Usain Bolt à Berlin en 2009 (19’’19). Mais la performance de Mennea sur le demi-tour de piste demeure toujours le record d’Europe sur la distance.
La "Flèche du Sud" est également le seul athlète à avoir disputé quatre finales olympiques consécutives sur 200 mètres.