logo

Obama au Proche-Orient : un peu d’espoir à défaut d’un plan de paix ?

Le président américain entame ce mercredi sa première visite officielle en Israël et en Cisjordanie depuis son arrivée au pouvoir. Mais ce voyage, aussi symbolique soit-il, laisse peu d’espoir à une relance du plan de paix.

Juin 2009, Obama redonne l’espoir de voir la paix s’établir au Proche-Orient lors de son discours du Caire. Mercredi 20 mars 2013, soit un peu moins de quatre ans plus tard, il entame sa première visite officielle en Israël et en Cisjordanie depuis son arrivée au pouvoir. Entretemps, l’optimisme est retombé dans la région. Au cours des deux jours de sa visite, il doit rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou puis le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas… sans plan de paix en poche.

"On n’a jamais été aussi loin d’un État palestinien", commente Julien Salingue,

Shimon Peres a salué "le soutien inébranlable" des États-Unis

Le président israélien Shimon Peres a salué mercredi le "soutien inébranlable" de son homologue américain Barack Obama envers Israël, en accueillant ce dernier à Tel-Aviv pour sa première visite en Israël.

"En temps de paix, en temps de guerre, votre soutien à Israël est inébranlable", a déclaré Shimon Peres en qualifiant le président américain de "dirigeant mondial remarquable".

Netanyahu, a, pour sa part, remercié Obama de "défendre le droit d'Israël à exister"

De son côté, le président américain a indiqué que les  États-Unis étaient "fiers d'être le plus fort allié d'Israël". (avec dépêches)

politologue et auteurs de nombreux ouvrages sur la question israélo-palestinienne. "Cela témoigne d’une paralysie diplomatique américaine sur cette question-là", poursuit-il. Et en effet, la relance du processus de paix au Proche-Orient, que Barack Obama affichait comme prioritaire lors de son arrivée au pouvoir en 2009, apparaît au point mort depuis fin septembre 2010, date de la fin du moratoire sur le gel des colonies israéliennes.

"Je pense que nous sommes témoins d’une résignation américaine et collective", estime pour sa part Karim-Émile Bitar, expert du Moyen-Orient à l’Institut français des relations internationales et stratégiques (Iris). "Obama, au cours de sa visite, va être obligé d’aborder le sujet du processus de paix. Mais Washington n’est pas prêt à mettre la pression nécessaire sur le gouvernement israélien pour le forcer à s’asseoir à la table des négociations".

D’autant que la composition de la toute nouvelle coalition gouvernementale israélienne ne plaide pas en faveur d’un apaisement avec les Palestiniens. Ainsi, Naftali Bennett, le très nationaliste leader du parti pro-colonies "Le Foyer juif" en fait désormais partie en tant que ministre de l’Industrie, du Commerce et du Travail.

"Le gouvernement n’a pas le profil d’une formation qui peut aller de l’avant sur la question israélo-palestinienne", confirme Ofer Bronchtein, cofondateur et président du Forum international pour la paix au Moyen-Orient et ancien conseiller du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin. "La communauté internationale et le président Barack Obama n’ont de cesse de demander le gel des constructions de colonies afin de relancer le processus. Il est impensable que Bennett cautionne une telle politique", poursuit-il.

"Barack Obama ne vient pas pour faire du tourisme"

L’homme, cependant, considère d’un œil résolument optimiste la visite de Barack Obama dans la région. "Un président américain, libéré de toute échéance électorale, ne vient pas en Israël et en Cisjordanie pour faire du tourisme", estime-t-il. Le ton adopté par le Premier ministre israélien au cours de son discours d’investiture est également, selon lui, porteur de promesses. Benjamin Netanyahou a en effet multiplié les gestes d’apaisement à l’égard d’Obama, avec qui il entretient depuis quatre ans des rapports pour le moins tendus. Notamment sur la question de la colonisation.

Côté palestinien, le ressentiment est vif à l’égard de Washington. Lundi, des manifestants ont brûlé des portraits du président américain pour dénoncer le refus de reconnaître dès à présent un État palestinien. Mardi, à Rammalah, un député indépendant, Moustapha Barghouti, a fustigé la "passivité de la communauté internationale, en particulier des États-Unis". "Nous sommes dans une situation d'urgence : soit la colonisation s'arrête immédiatement et cela ouvre d'autres possibilités, soit on peut dire adieu à la solution à deux États. Tout dirigeant responsable doit lui dire cela", a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse.

La tension, dans les Territoires palestiniens, est telle que certains analystes craignent l’éclatement d’une troisième Intifada. "On assiste depuis quelques mois à une remontée des mobilisations palestiniennes sur des questions variées, telles que le coût de la vie, la question des détenus palestiniens en Israël, le mur de séparation", explique le politologue Julien Salingue. "Mais on est loin de l’émergence d’un soulèvement durable, unifié, dirigé et doté d’un programme, comme on a pu le voir lors de la première, puis de la deuxième Intifada en 1987 et en 2000. Ce qui ne veut pas dire que ça n’arrivera pas plus tard".