Par crainte de voir le Parlement chypriote rejeter le plan de sauvetage de l'île, les dirigeants de la zone euro sont désormais favorables à plus de progressivité dans le projet de taxe sur les dépôts bancaires.
À Chypre, les dirigeants de la zone euro ne veulent plus taxer les déposants ayant moins de 100 000 euros sur leur compte, mais la décision finale reviendra aux autorités chypriotes, ont indiqué lundi soir à l'AFP des sources proches des discussions.
"La zone euro est bien en faveur de zéro taxe pour les petits déposants", a indiqué une source à l'issue d'une réunion téléphonique des ministres des Finances de l'union monétaire. "La décision dépend des Chypriotes", a précisé une seconde source européenne. Toutefois, si cette décision est prise, il va falloir en contrepartie "augmenter les taux pour les gros dépôts", a affirmé pour sa part une source diplomatique à Bruxelles.
Selon de hauts fonctionnaires européens cités par Reuters, l'Eurogroupe est favorable à une taxe de 15,6 % pour les dépôts au-delà de 100 000 euros.
Le montant de l'aide total inchangé
Dans un communiqué publié à l'issue de plus de deux heures de réunion, les ministres des Finances de la zone euro ont expliqué que "les autorités chypriotes vont introduire plus de progressivité en ce qui concerne la taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires (...), à condition que (...) cela ne modifie pas le montant total de l'aide financière" des Européens et du FMI.
"La zone euro continue de soutenir l'idée que les petits déposants doivent être traités différemment que les grands déposants et elle réaffirme l'importance de garantir totalement les dépôts en-deçà du seuil de 100 000 euros", indique l'Eurogroupe dans son communiqué.
Samedi à l'aube, l'Eurogroupe, la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI avaient trouvé un accord sur un plan de sauvetage d'un maximum de 10 milliards d'euros pour Chypre, en échange d'une taxe exceptionnelle et sans précédent sur les dépôts bancaires qui rapporterait 5,8 milliards d'euros.
Le Parlement doit se réunir à 17h pour le vote
À Chypre, ce prélèvement de 6,75 % sur les dépôts bancaires en-deçà de 100 000 euros et de 9,9 % au-delà a immédiatement suscité la colère de la population. Face aux protestations, les autorités ont travaillé lundi à une nouvelle proposition.
Les établissements bancaires sont restés fermés ce jour-là, férié à Chypre, et ils le resteront mardi et mercredi, une mesure destinée à "préserver la stabilité du secteur financier", lit-on dans le communiqué des ministres des Finances de la zone euro.
Le président du Parlement a déclaré que le débat sur la taxe bancaire serait repoussé à 17h mardi afin de donner plus de temps à un éventuel consensus. Cela étant, un "oui" du Parlement, qui compte 56 membres, est loin d'être acquis car aucun parti n'a la majorité absolue.
Trois formations politiques ont dit tout de go qu'elles ne voteraient pas la taxe en l'état. Les débats risquent d'être houleux, le parti communiste Akel (19 députés) et les socialistes de l'Edek (5 sièges) ayant d'ores et déjà rejeté le plan de sauvetage, également critiqué au sein du Diko (centre-droit, 8 sièges), allié du Disy (droite, 20 sièges) du président Nicos Anastasiades
"Dans les faits, on demande au Parlement de légitimer une décision visant à voler purement et simplement les déposants, à l'encontre de toute loi, qu'elle soit écrite ou pas", a dit Yiannakis Omirou, chef du petit Parti socialiste. "Nous refusons
de souscrire à cela."
L'introduction de plus de progressivité doit permettre de convaincre les partis réticents de changer d'avis.
Mise en garde
De son côté, le directeur général du Fonds de secours de la zone euro (MES), Klaus Regling, met en garde le gouvernement chypriote contre un assouplissement du plan de sauvetage, dans un entretien à paraître mardi.
"La question de savoir qui, à Chypre, doit payer les coûts pour stabiliser le pays et ses banques est uniquement du ressort du gouvernement chypriote. Mais à la fin, il faut qu'il y ait une contribution de Chypre d'un montant équivalent à ce qui a été conclu vendredi soir", a déclaré l´Allemand Regling au quotidien Bild.
Avec dépêches