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Le sauvetage de Chypre ravive les craintes d'une contagion de la crise

La décision européenne de voler au secours financier de Chypre remet au goût du jour le risque d’une contagion de la crise. Si les dirigeants européens écartent ce danger, les marchés financiers semblent plus pessimistes.

Contagion ? Quelle contagion ? Pour le ministre français de l’Économie, Pierre Moscovici, aucun risque que la crise chypriote s’étende en dehors de l’île. “La situation de Chypre est très particulière et n’entraîne pas de risque de contagion ou d’imitation [à d’autres pays de la zone euro]”, a-t-il affirmé avec la plus grande assurance, lundi 18 mars.

Une confiance que les marchés financiers ne semblent pas partager. Lundi, les places boursières européennes évoluaient toutes en baisse, sans toutefois enregistrer de chutes vertigineuses, synonymes de grande panique. En outre, les taux d’intérêts imposés aux obligations de certains pays comme l’Italie étaient en forte hausse lundi, signe que les investisseurs n’excluaient pas un effet boule de neige de la crise que traverse l’île.

L’extension du domaine de la crise chypriote peut tout d'abord venir de cette taxe inédite sur les dépôts bancaires. Le risque de voir les épargnants retirer leur argent des banques chypriotes, si cette taxe est instaurée, pourrait se généraliser à d’autres États comme l’Italie ou l’Espagne, créant ainsi une panique bancaire. Les titulaires de comptes pourraient craindre de voir l’Union européenne réutiliser dans leur pays cette nouvelle arme de sauvetage très controversée.

Un danger auquel ne croit pas Christophe Blot, spécialiste de l’économie européenne à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). “Chypre est une petite économie totalement dominée par son secteur bancaire”, rappelle cet économiste. Il pèse, en effet, sept fois le PIB de l’île. Le faire participer à l’effort de sauvetage du pays semblait adapté aux responsables européens qui ont négocié le plan de sauvetage. Aucun autre pays européen ne se trouve dans cette situation.

Pavé chypriote dans la mare européenne

La contagion pourrait davantage venir, d’après Christophe Blot, du pavé chypriote qui vient d’être jeté dans la mare d’une zone euro qu’on disait apaisée. “C’est une piqûre de rappel qui souligne que les plans de sauvetage et les réformes entreprises n’ont pas mis un terme à la crise des dettes souveraines”, souligne ce spécialiste. Les marchés financiers pourraient être tentés, d’après lui, de renouer avec leur ancienne habitude de chercher quel pourrait être le prochain candidat à un plan de sauvetage. Une course à la victime potentielle qui a pour conséquence de mettre ces pays sous pression boursière, pouvant ainsi aggraver leurs problèmes économiques.

“On n’en est pas encore là”, assure Christophe Blot qui suggère de suivre de près l'évolution des taux d'intérêt imposés aux pays les plus fragiles de la zone euro. Mais ce risque souligne, d’après lui, le fait que “les plans de sauvetage censés rassurer les marchés peuvent aussi devenir des sources d’inquiétudes”. Les déboires des banques chypriotes viennent en effet pour partie d’une décision européenne de mars 2012 : la réduction de moitié de la dette grecque détenue par les créanciers privés... notamment les banques chypriotes.