Le corps du célèbre avocat pénaliste Olivier Metzner, qui avait fait de la traque du vice de procédure sa marque de fabrique, a été retrouvé dans le golfe du Morbihan. Il comptait parmi sa clientèle hommes politiques et grands patrons français.
Reconnu comme un travailleur acharné et discret, Me Olivier Metzner, le célèbre avocat pénaliste du barreau parisien, a été retrouvé mort dimanche dans le golfe du Morbihan. Son corps a été repêché au large de son île privée. Une lettre évoquant sa volonté de mettre fin à ses jours a été retrouvée chez lui.
Né le 22 novembre 1949 dans une famille modeste de l’Orne, ce ténor du barreau, un éternel cigare aux lèvres, avait commencé sa carrière en défendant de petits braqueurs et de grands truands dans les années 1970 et 1980 avant de se lancer dans le droit pénal financier.
On le retrouve dans tous les grands dossiers politico-financiers de ces dernières années : du procès Elf à celui de l’Erika, de celui du Crédit Lyonnais à celui de Thalès en passant par le scandale de l’Arc, l’Association pour la recherche sur le cancer.
Cet avocat réputé pour son efficacité redoutable n’était pourtant pas un maître de l’éloquence. Il préférait chercher les failles juridiques de la procédure pour la faire tomber, à tel point qu’il en avait fait sa marque de fabrique.
Ainsi, dès 1983, il avait obtenu de la sorte la libération de la bande d’un braqueur qui était incarcérée à Fresnes, dont un ancien lieutenant de Mesrine. Son succès avait alors fait beaucoup jaser… avant que sa méthode ne soit allègrement copiée.
Patrick Maisonneuve, avocat spécialiste de droit pénal, interrogé ce dimanche sur FRANCE 24, le confirme : Me Metzner était "un précurseur de la défense pénale".
itAu fil des années, le précurseur s’est fait une spécialité de sauver des patrons englués dans des affaires politico-financières. Ses tarifs ont grimpé et ce fils d’agriculteurs normands est devenu l’un des avocats les plus chers de Paris. Celui dont les honoraires s’élevaient à 450 euros de l’heure comptait dans la clientèle prestigieuse qui fréquentait son cabinet de nombreux noms du CAC 40 et plusieurs personnalités politiques. Et pour cause… Ce maître de la procédure a obtenu l’annulation des multiples procédures en faveur de ses clients, tel Martin Bouygues. Il a aussi conseillé Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream, obtenant sa relaxe.
"Olivier Metzner avait lui aussi ses fragilités"
Pénaliste avant tout, Olivier Metzner préférait de loin la défense à l’attaque. Car, pour ce travailleur acharné, défendre un plaignant était "trop facile", sans "l’angoisse du résultat", selon ses propres mots à Libération.
Ainsi, il défendit le trader Jérôme Kerviel face à la Société générale, ce qui lui fit perdre un contrat avec l’ancien patron de Vivendi, Jean-Marie Messier.
Me Metzner ne s’est cependant pas limité à la délinquance patronale. Il a ainsi défendu le chanteur de Noir Désir, Bertrand Cantat, condamné pour la mort de l'actrice Marie Trintignant. Il a aussi réussi à démolir plusieurs procédures lancées contre l’Église de scientologie, poursuivie pour escroquerie...
Dès l’annonce de sa mort, les hommages ont afflué, notamment de la part de ses anciens adversaires. "C’était un très grand avocat. J’ai pu en juger parce qu’il a été mon adversaire à deux reprises. Il était un excellent juriste procédurier mais aussi un plaideur", confie ainsi Corinne Lepage, avocate et ancienne ministre de l’Environnement, contactée par France 24.
Sur Europe 1, Me Georges Kiejman a, quant à lui, déclaré : "J'avais une admiration intellectuelle pour lui mais ça ne m'empêchait pas de croire - à tort apparemment - que, peut-être, il pouvait manquer de cœur et de sensibilité. Tout à coup, les conditions de sa mort me permettent de réexaminer tout ça et de voir qu'Olivier Metzner avait lui aussi ses fragilités".
Pour le bâtonnier du barreau de Paris, Me Christiane Féral-Schuhl, interrogée par l’AFP, il "incarne l'un des plus grands pénalistes de notre barreau, qui avait su faire de la procédure pénale une arme au service de la défense".