
, envoyée spéciale à Rome – Alors que l'image de l'Église est ternie, notamment par les scandales de pédophilie, et l'ordination sacerdotale en crise, Barthélémy Loustalan, un jeune candidat français à la prêtrise, explique son engagement à FRANCE 24. Portrait.
Il aurait pu devenir avocat. Mais Barthélémy Loustalan a voulu prendre un autre chemin. Son master de droit privé en poche en 2009, il décide d’entrer au séminaire des Carmes à Paris. Il n’avait alors que 23 ans. Depuis septembre 2012, il poursuit sa formation au Séminaire français de Rome.
Depuis la démission de Benoit XVI, il a suivi avec intérêt l’agitation qu’a connue le Vatican. "L’élection du pape est importante : il est garant de l’unité, il donne aussi les grandes orientations". Ce jeune homme brun aux yeux rieurs ne cache pas sa joie devant l’élection du pape François. "Je suis très très enthousiaste", insiste le jeune homme. "Le fait qu’il ait choisi le nom de François, l’emblème de celui qui se met au service des plus pauvres est un signe très fort", confie avec émotion celui qui, pour son avenir dans les ordres, dit "rêver d’une mission en Asie auprès des plus pauvres".
Âgé de 27 ans, il a déjà accompli plus de la moitié du chemin qui mène vers la prêtrise. "C’est en bonne voie", sourit le jeune homme. "Même si je me réserve le droit de prendre la décision finale, le moment venu".
"Certains savent depuis l’enfance qu’il veulent devenir prêtre, mais ça n’a pas été mon cas", explique-t-il. "Mon engagement est le fruit d’un cheminement progressif, que j’ai eu à l’âge adulte", raconte le jeune homme originaire de Bordeaux, et dont l’un des loisirs favori est de chiner dans les marchés aux puces. Au vu de sa jeunesse, sa démarche à de quoi surprendre à une époque où on parle communément du déclin du catholicisme et de la crise des vocations en Occident.
"Je suis conscient que l’église est loin d’être parfaite"
Sa volonté d’entrer au séminaire à un âge relativement jeune interpelle également au moment où l’image de l’Église catholique est ternie, notamment par les scandales de pédophilie. À l’évocation de ce sujet, son visage se voile de tristesse. "C’est monstrueux !", s'insurge Barthélémy. Il s’indigne, mais n’hésite pas à aborder le thème avec simplicité. Pour lui, le problème de la pédophilie dans le clergé peut en partie "être lié à un oubli de certains prêtres de leur propre sexualité". Aujourd’hui, l’Église veut évoquer ces questions sans tabou. Parmi les cours qui rythment les journées de Barthélémy au séminaire figure ainsi une formation sur la sexualité, adressée spécifiquement aux futurs prêtres.
La question des femmes dans l’Église le préoccupe également. S’il reconnaît "qu’il y aurait beaucoup à faire encore pour qu’elles jouent de plus grands rôles dans l’institution", il se demande toutefois si l’accès à la prêtrise est "la meilleure solution". "Jésus s’est entouré de beaucoup de femmes, dont certaines n’étaient pas des modèles de vertu, pourtant il n’en a choisi aucune pour apôtre", observe-t-il songeur. Pour lui, avant de réfléchir sur la prêtrise des femmes, l’Église doit déjà leur ouvrir les postes à responsabilités dans les diocèses, qui peuvent être occupé par des laïques, ou les intégrer plus largement dans le corps enseignant.
Si le jeune homme sait que l’Église souffre de l’image qu’elle renvoie à travers le monde, cela n’a toutefois pas influé sur ses desseins. "Je suis parfaitement conscient que l’Église est loin d’être parfaite, mais je ne prends pas beaucoup en compte l’image de l’Église", observe-t-il. "Si je m’engage c’est parce que Dieu m’y appelle", affirme-t-il, confiant.
La confiance. C’est peut-être ce qui caractérise le plus l’état d’esprit de Barthélémy malgré les tempêtes qu’a connues l’Église par le passé. "Si on se lance dans le séminaire c’est qu’on est confiant, c’est une évidence".