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Pourquoi le prochain pape a de "faibles chances" d’être français

Le conclave qui aura la tâche d'élire le successeur de Benoît XVI s'ouvre ce mardi. Les Français, contrairement aux Italiens, Sud-Américains, Asiatiques ou encore Africains ne font pas figure de favoris. Une constante depuis le XIVe siècle.

Alors que les spéculations vont bon train sur l’identité du successeur de Benoit XVI à la veille de l'ouverture du conclave destiné à élire le nouveau pape, plusieurs cardinaux font figure de favoris. Italiens, Sud-Américains, Asiatiques ou encore Africains, beaucoup de noms reviennent sur les lèvres des spécialistes et des médias. Toutefois, aucun des quatre cardinaux français, sur les neuf qui font partie du collège des cardinaux électeurs, n’en fait partie.

Est-ce à dire qu’il n’y a aucune chance de voir à la tête du Saint-Siège l'archevêque de Bordeaux, Jean-Pierre Ricard, 68 ans, l’archevêque de Lyon et Primat des Gaules, Philippe Barbarin, 62 ans, l’archevêque de Paris, André Vingt-Trois, 70 ans, ou le cardinal Jean-Louis Tauran, 69 ans ?
"On ne peut pas affirmer que les chances que le prochain pape soit Français sont nulles, car nous ne sommes jamais à l’abri d’une surprise si jamais le conclave dure longtemps, je dirais plutôt qu’il a de faibles chances de l’être", précise à FRANCE 24 Odon Vallet, historien des religions et spécialiste du Vatican. "Même si, poursuit-il, les cardinaux français sont très écoutés au Vatican depuis que les relations avec l’Église française se sont améliorées notamment depuis la visite de Jean-Paul II en 1980 dans l’Hexagone".
Pas de pape français depuis le XIVe siècle
Toutefois, les "candidatures" françaises souffrent de plusieurs handicaps. "Pour commencer, sans citer de nom, deux sur les quatre sont d’ores et déjà disqualifiés à cause de leur état de santé pour le moins fragile, et ce à l’instar de près de la moitié des cardinaux éligibles", explique Odon Vallet, selon qui seul l’archevêque de Paris, André Vingt-Trois, est potentiellement "papabile". "Par ailleurs, poursuit l’expert, les cardinaux français ne sont que quatre parmi les 115 électeurs qui entreront dans la chapelle Sixtine pour élire le nouveau pape. Les Italiens seront au nombre de 28, ce n’est pas anodin", note-t-il.
En outre, la France, dite "la fille aînée de l’Église" n’a plus donné de pape depuis le XIVe siècle. Grégoire XI, élu en 1370, reste en effet à ce jour le dernier pape français. "Ce vide historique s’explique, notamment, par les relations difficiles qu’ont entretenues l’Église et les rois de France avec la papauté, et je vous rappelle également que Napoléon a mis en prison un pape", souligne Odon Vallet.
Un autre expert des questions religieuses, Henri Tincq, qui fut journaliste à "La Croix" puis au "Monde", estime également que les chances françaises sont "quasi-nulles". Dans un article publié par le site d’information Slate, il affirme que "l’Église de France jouit à Rome d’une réputation plutôt médiocre et le régime laïque de la République y fait figure de repoussoir". Selon lui, les cardinaux français souffrent surtout d’un "manque de notoriété internationale".
Maigre consolation, c'est à un Français, le cardinal Jean-Louis Tauran, que reviendra l'honneur d'annoncer au monde catholique le nom du nouveau pape avec la célèbre formule "Habemus papam !". À moins d’être lui-même l'élu. Dans ce cas, c'est à un autre cardinal que reviendra la formule.