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Chavez et le monde arabe, du héros à l'allié des dictateurs

Le président Hugo Chavez, qui s'est éteint le 5 mars, a longtemps été perçu comme un héros au Moyen-Orient et dans le monde arabe. Et ce, jusqu'à ce qu'il exprime son soutien aux régimes en proie à la vague des révolutions arabes en 2011.

Le charismatique président vénézuélien Hugo Chavez, qui s'est éteint le 5 mars, a longtemps été perçu comme un héros au Moyen-Orient et dans le monde arabe. L’infatigable pourfendeur de "l’impérialisme américain" continue de jouir, notamment en Iran, d’une popularité sans précédent pour un leader latino-américain dans cette partie du monde. Mais ce sont surtout ses prises de position contre l'opération israélienne "Plomb durci" dans la bande de Gaza, en 2009, qu'il avait qualifié de "génocide", et sa décision d'expulser l'ambassadeur d'Israël à Caracas qui ont accru sa popularité auprès de la rue arabe.

Au cours de ses différents mandats, il a affiché un soutien sans faille à des dirigeants controversés, comme l’Irakien Saddam Hussein, le Libyen Mouammar Kadhafi, l'Iranien Mahmoud Ahmadinejad ou encore le Syrien Bachar al-Assad, avec lesquels il avait noué des partenariats stratégiques et énergétiques. Des régimes qui partageaient ou partagent toujours avec le chantre de la révolution bolivarienne leur aversion de Washington. "L’animosité commune à l’égard des États-Unis explique principalement l’alliance et l’amitié qui s’est nouée entre Chavez, un grand nostalgique du tiers-mondisme et des idées anti-impérialistes des années 1970, et les régimes dictatoriaux arabes, avec lesquels il ne partageait pas grand-chose d’autre sur le plan idéologique", souligne Khattar Abou Diab, politologue spécialiste du monde arabe et enseignant à l’université Paris-Sud.

Sa fidélité à "ses amis arabes" contribuera cependant à ternir sa réputation lorsque le printemps arabe éclate en 2011. "En décidant de se ranger aux côtés des gouvernants et non avec les peuples qui se soulevaient, Chavez a grandement altéré son image auprès des populations arabes, les mêmes qui l’avaient perçu comme un héros lorsqu’il avait exprimé à maintes reprises son soutien à la cause palestinienne", note Khattar Abou Diab.
Hommages de Damas et Téhéran
Ainsi, alors que "son ami" le colonel Khadafi tentait d’étouffer par la force un soulèvement populaire en Libye, et que son régime était visé par une intervention militaire internationale, Hugo Chavez lui manifesta son soutien, arguant que les Occidentaux voulaient uniquement prendre le contrôle des gisements d’hydrocarbures libyens. "Où que tu sois, en train de résister à une nouvelle agression impérialiste, que Dieu te protège, te donne santé et longue vie, à toi et au peuple libyen", lui avait notamment dit le leader vénézuelien.
Sans surprise, le régime syrien, auquel le président vénézuélien avait également exprimé à plusieurs reprises son soutien en qualifiant de "complot yankee" le soulèvement populaire en Syrie, a rendu hommage mercredi à la mémoire du chef d’Etat vénézuelien. "La mort de Chavez (est) une "grande perte pour moi et pour le peuple syrien" a indiqué Bachar al-Assad.
 
De son côté, Téhéran a décrété mercredi, lendemain de sa mort, un jour de deuil national en hommage au "commandant-président". Selon les médias locaux, Mahmoud Ahmadinejad, qui revendique une relation d'amitié personnelle avec Hugo Chavez, pourrait se rendre aux funérailles organisées au Venezuela vendredi. L'homme fort de Caracas avait effectué treize visites en Iran depuis son accession au pouvoir en 1999, tandis que Mahmoud Ahmadinejad s'était rendu six fois au Venezuela depuis 2005.