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En visite officielle jeudi à Moscou, le président François Hollande veut resserrer les liens économiques et politiques entre les deux pays, dont les points de vue divergent, notamment sur le dossier syrien ou sur la question des droits de l'homme.

Opération dégel à Moscou pour le président français. Après une première rencontre entre François Hollande et Vladimir Poutine, à l’Élysée, le 1er juin dernier, le chef de l’État français est en visite à Moscou jeudi 28 février pour un nouveau tête-à-tête avec le président russe. Une visite de 24 heures qui vise clairement à resserrer les liens économiques mais également personnels entre les deux dirigeants.

Pour cette première visite officielle en Russie, François Hollande n’est pas venu seul. Il est accompagné de quatre ministres, Laurent Fabius [Affaires étrangères], Manuel Valls [Intérieur], Arnaud Montebourg [Redressement productif] et Aurélie Filippetti [Culture] ainsi que de Valérie Trierweiler, sa compagne.

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"Il y a une insuffisance d'investissements russes en France" (Hollande)

La France à la recherche d’investissements russes

Le programme de cette journée est plutôt chargé : l’entretien à huis clos entre les deux chefs d’État interviendra après une rencontre de François Hollande avec les chefs d’entreprise français installés en Russie et une visite au musée Pouchkine.

"C’est un programme assez curieux", reconnaît Gauthier Rybinski, envoyé spécial de FRANCE 24 à Moscou, "mais cela reste l’occasion pour le président français de faire le point sur les investissements de l’Hexagone en Russie qui ne sont pas mirobolants…". En mal de croissance, la France est en effet avide d'investissements russes.

Le président français a d'ailleurs fait le déplacement avec une quinzaine de dirigeants d'entreprises hexagonales parmi lesquels ceux d'Airbus, Arianespace, Astrium, LVMH, Sanofi, SNCF, Thales et Total, tous à la recherche de précieux contrats...

Le délicat dossier syrien

Cette première visite officielle en Russie intervient également alors que Paris et Moscou divergent sur les voies et moyens qui permettraient de rechercher une solution politique et diplomatique à la crise syrienne. Leur première rencontre, en juin, avait d’ailleurs été suivie d'une conférence de presse marquée par de profondes divergences sur ce dossier précis.

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Le délicat dossier syrien

Paris juge un départ de Bachar al-Assad nécessaire pour parvenir à une solution politique tandis que Moscou estime qu'il revient aux Syriens de déterminer leur destin. La révolte en Syrie a fait près de 70 000 morts en deux ans, selon l'ONU.

"Nous espérons une décision politique rapide" pour mettre fin à cette escalade de la violence en Syrie, a précisé François Hollande, dans une interview à la radio Echo de Moscou. "Nous allons discuter de cette question et j’espère qu’on pourra établir un dialogue concernant la transition du pouvoir en Syrie", a-t-il ajouté.

La question tabou des droits de l’homme

S'il prendra soin d'éviter le sujet de Gérard Depardieu, François Hollande n'échappera pas en revanche à la sensible question des droits de l'homme en Russie - qu'il abordera avec une grande prudence. "Le président porte une grande attention à la question des droits de l’homme, il les aborde quand c’est nécessaire, utile…" a assuré un conseiller de l’Élysée à Libération, sans vraiment cacher que c'est surtout la "couleur économique" de ce voyage qui prévaut. "La relation franco-russe ne se réduit pas à la simple question des droits de l'homme, ce serait simplificateur, réducteur et limité", a-t-il ajouté.

Le hic reste que de nombreux députés français de droite comme de gauche ont demandé au président d’évoquer le cas des Pussy Riots ou encore de Sergueï Magnitski, du nom de cet avocat mort en prison en 2009 après avoir révélé un scandale financier en Russie. François Hollande semble réticent à aborder ces questions sensibles alors même que l’association Human Rights Watch (HRW), ONG américaine, vient de révéler dans son dernier rapport que la situation en Russie n'a jamais été aussi mauvaise depuis la chute de l'Union soviétique.

Avec dépêches