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Au Mobile World Congress, le salon de la téléphonie mobile de Barcelone, les annonces se multiplient et de nouveaux entrants veulent une place dans ce secteur qui affiche toujours une croissance insolente malgré la crise. Décryptage des tendances.

La grand messe mondiale du mobile tient pour l’instant ses promesses. Le salon de Barcelone consacré aux téléphones portables - le Mobile World Congress (MWC) - qui se déroule du 25 au 28 février en terre ibérique, a connu son lot d’annonces à même de faire saliver tous les mordus de smartphones et autres tablettes. Et ce, alors même qu’Apple, grand manitou de la révolution mobile avec son iPhone et son iPad, n’est pas de la fête.

Il y a eu la vénérable maison américaine d’informatique HP qui a fait son grand retour avec une tablette sous Android (système d’exploitation de Google). Le Chinois ZTE qui se rêve en prochain Apple ou Samsung avec un smartphone, le Grand Memo, qui démontre que les marques de l’ex-empire du Milieu ne veulent plus être associées à des produits bas de gamme.

Enfin, Nokia et Mozilla, l’inventeur du navigateur Internet Firefox, se sont faits les apôtres d’un univers mobile multipolaire qui ne se résumerait pas à un affrontement entre Apple et Android. Le constructeur finlandais persiste et signe en sortant des smartphones sous Windows (de Microsoft). Quant au créateur de Firefox, il a dévoilé les premiers téléphones qui utiliseront son système d’exploitation maison. Même le géant Sony semble d’ailleurs intéressé puisqu’il compte développer des smartphones pour Firefox OS.

+133 % en Chine

Si tout le monde se presse ainsi à Barcelone pour tenter d’exister dans ce monde de nomades hyperconnectés, c’est que les chiffres du secteur impressionnent. Surtout en ces temps de morosité économique quasi-généralisée. Les ventes de smartphones ont, ainsi, explosé en 2012 d’après le cabinet allemand d’études GFK. 720 millions de ces terminaux dits intelligents se sont écoulés dans le monde l’année dernière, soit 56% de plus qu’en 2011, a révélé GFK lundi 25 février.

Un succès qui détonne même au regard du marché des nouvelles technologies en général “traditionnellement moins affecté par les crises économiques”, comme le souligne à FRANCE 24 Michael Mathieu, directeur image & telecom chez GfK en France. Ainsi les ventes de téléphones portables autres que les smartphones et celles des ordinateurs ont chuté, respectivement, de 11% et 3,2% en 2012.

“Ce sont évidement les pays asiatiques qui tirent le marché vers le haut”, précise Michael Mathieu. En fait, cette frénésie pour les smartphones est largement due à la Chine où les ventes ont bondi de 133 % en 2012. Trois téléphones sur quatre achetés par des Chinois étaient des smartphones. Et même dans l’Europe de l’austérité, les consommateurs ont continué de trouver les moyens pour s’équiper puisque d’après GFK, il y a eu 34 % de smartphones vendus en plus par rapport à 2011. Dans ce tableau, la France est légèrement à la traîne “avec une progression de 18%, comparable à celle du Royaume-Uni ou de l’Italie”, souligne Michael Mathieu.

Android, c'est fini ?

Et cette progression ne devrait pas s'arrêter, 2013 devrait ainsi continuer sur la lancée de 2012. “Nous anticipons un volume de ventes similaires cette année, même en Europe où la croissance devrait être à deux chiffres”, indique GFK.

D’après ce cabinet d’études, c’est le moment ou jamais pour d’éventuels nouveaux arrivants de contester leur suprématie à Android ou Apple. “En 2012, beaucoup de systèmes d’exploitation étaient en fin de vie [Windowsphone 7, BlackBerry 9, NDLR] et les consommateurs ont choisi d’aller vers des marques établies et pérennes comme Apple ou Android”, rappelle Michael Mathieu. En 2013, ils seraient prêts, d’après ce spécialiste, à tenter de nouvelles aventures. Pour les satisfaire, il devrait d’ailleurs y avoir bien plus d’OS (Operating System) à ronger : outre BlackBerry 10 et Firefox OS, Samsung s’apprête également à lancer son propre système d’exploitation Tizen et même le système d’exploitation en logiciel libre Linux devrait faire une apparition dans le monde des smartphones.

“Il y a encore de la place pour des alternatives à Android ou iOS (Apple), et il va être intéressant de voir qui va réussir”, note Michael Mathieu. Ainsi, la solution pour mobile de Google - qui domine actuellement le secteur avec près de 70% des ventes - “commence à perdre des parts de marché aux États-Unis”, souligne à la Tribune Neil Mawston, analyste pour le cabinet d’études américain Strategy Analytics. Selon cet expert, si Android continue de croître “pendant encore un an et demi au maximum” grâce aux pays émergents, il a néanmoins perdu l’avantage de la nouveauté. Reste à savoir qui va réussir à relever le flambeau... et quand.