
Les islamistes du parti tunisien au pouvoir acceptent de confier les ministères régaliens à des indépendants dans le gouvernement en cours de formation, selon le chef d'Ennahda. Ils cèdent ainsi à une revendication-clé de la classe politique.
Contre toute attente, ils ont lâché du lest. Les islamistes d'Ennahda, parti au pouvoir, ont annoncé, mercredi 27 février, avoir renoncé à contrôler les ministères régaliens dans le gouvernement tunisien en cours de formation. Ils cèdent donc à une revendication-clé de la quasi-totalité de l’opposition en acceptant de confier les postes de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de la Défense et de la Justice à des hommes sans étiquette politique.
"Nous confirmons la ‘neutralisation’ des quatre ministères de souveraineté, le ministère de l'Intérieur y compris sera sous une personnalité hors des partis politiques", a déclaré Rached Ghannouchi, le leader du parti Ennahda, à l'antenne de la radio Kalima. Un nouveau cabinet devrait voir le jour "à la fin de la semaine".
"Cinq ou six partis" dans le nouveau cabinet
Actuellement, le parti islamiste dirige les ministères de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères. Le quatrième, celui de la Défense, est déjà contrôlé par un indépendant, Abdelkarim Zbidi, qui est en fonction depuis janvier 2011 et la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali.
Selon Rached Ghannouchi, le nouveau gouvernement sera formé par "cinq ou six partis", contre trois actuellement. Le bloc parlementaire Liberté et Dignité - de tendance islamiste - et l'Alliance démocratique - composée de dissidents d'un parti d'opposition - pourraient rejoindre le nouveau cabinet.
Ali Larayedh joue sa crédibilité
Le Premier ministre islamiste, Ali Larayedh, nommé le 22 février, a été chargé en fin de semaine dernière de former un nouveau gouvernement après la démission d'Hamadi Jebali. Cet ancien ministre de l'Intérieur, qui n'a pas eu bonne presse ces derniers temps - l'opposition lui reprochant sa trop grande indulgence vis-à-vis des salafistes - joue sa crédibilité dans la formation d'un gouvernement qui devra satisfaire tous les bords.
Le Premier ministre démissionnaire, Hamadi Jebali, avait avancé l'idée d'un cabinet de technocrates, le jour de l'assassinat de l'opposant anti-islamiste Chokri Belaïd, le 6 février, estimant qu'il s'agissait du seul moyen pour sortir la Tunisie de la paralysie politique et de juguler l'essor de la violence.
Avec dépêches