
Trois adultes et quatre enfants ont été enlevés le 19 février dans le Nord-Cameroun avant d’être emmenés au Nigeria. Ils vivaient depuis deux ans à Yaoundé, où le père, Tanguy Moulin-Fournier, était cadre chez GDF Suez. Portrait.
Tanguy Moulin-Fournier avait le vent en poupe. Père de famille nombreuse, il avait à cœur de faire partager son goût de l’ailleurs aux siens : à sa femme Albane, qui elle aussi avait étudié en Italie selon le Parisien, et à leurs quatre fils : Eloi, Andéol, Maël et Clarence, âgés de 12, 10, 8 et 5 ans. Tous ont été enlevés le 19 février au Nord-Cameroun, avant d'être emmenés au Nigéria par leurs ravisseurs. Les autorités françaises, camerounaises et nigérianes n'ont pas retrouvé leur trace.
Depuis cinq ans, les Moulin-Fournier ne vivaient plus en France : directeur de développement chez Suez, Tanguy a bâti sa carrière à l’international. Ce haut cadre d’une petite quarantaine d’années a commencé à voyager dès son plus jeune âge. Après une enfance dans les Yvelines, Tanguy a passé son adolescence à Milan, puis a mené une partie de ses études d’économie à Moscou. Diplômé de l’école de management de Lyon en 1995, il a été rapidement embauché par le groupe gazier GDF Suez qui lui a offert la possibilité de concilier carrière et dépaysement.
it

Tanguy Moulin-Fournier a occupé plusieurs postes à responsabilités en Roumanie, Grèce, Albanie ou encore en Turquie. Il y a deux ans, la famille s’est installée à Yaoundé, capitale du Cameroun. Le cadre y travaillait sur le site industriel de Kribi, sur la côte camerounaise.
Guide à Waza de la famille Moulin-Fournier

La famille ne cache pas son inquiétude
Au moment de l’enlèvement, la famille était en vacances dans le nord du pays. Les parents, accompagnés d’un troisième adulte – certaines sources parlent d’un oncle, mais on n’en sait pas plus pour le moment - venaient d’emmener les garçons visiter le parc de Waza, l'une des attractions touristiques de la zone. Selon une source locale, qui a demandé l'anonymat, "les touristes avaient dormi au campement touristique du parc d'où ils sont partis (mardi) matin".
Le reste de la famille, restée en France, ne cache pas son inquiétude. "On est complètement en état de choc", a confié Agnès, la mère d’Albane Moulin- Fournier, dans un entretien accordé à la radio RTL. "Le Quai d'Orsay ? On n'a pas l'habitude de travailler avec ces gens-là forcément. Ils nous appellent quand ils ont des choses à nous dire, mais on n'a pas plus de nouvelles que cela."
"C’est complètement cruel ! (…) On est forcément inquiet, on ne peut pas imaginer ses petits enfants aux mains de terroristes sans s’inquiéter", poursuit-elle, abasourdie par les événements.
Le groupe GDF a fait part de son émotion dans un communiqué où le gazier français témoigne "de toute sa solidarité aux personnes concernées".