
avec dépêches – Face à la polémique suscitée par l'octroi d'indemnités de départ aux dirigeants de grandes entreprises en temps de crise, le président français Nicolas Sarkozy préfère parler de "moralisation du capitalisme" plutôt que de législation.
Alors que les bonus continuent de pleuvoir en ces temps de crise, le président français Nicolas Sarkozy s'est refusé, mardi, à Saint-Quentin, dans l'Aisne (nord de la France), lors d’un discours axé sur l’économie, à proposer une loi interdisant les stock-options ou les parachutes dorés pour les dirigeants d'entreprises en difficulté. Le Parti socialiste (PS) a réagi en réclamant une loi. De leur côté, les députés de la majorité semblent également prêts à légiférer.
"Il ne doit plus y avoir de parachutes dorés (...), de bonus, de distribution d'actions gratuites ou de stock-options dans une entreprise qui reçoit une aide de l'État, qui met en œuvre un plan social d'ampleur ou qui recourt massivement au chômage partiel", a-t-il déclaré devant quelque 4 000 personnes.
Pas de loi, donc, sur les indemnités de départ. Nicolas Sarkozy - surnommé par le PS "le président du CAC 40" - préfère parler de "moralisation du capitalisme", en pleine polémique sur les rémunérations des patrons.
Mardi, la presse française révélait que l’ex-PDG de Valeo, Thierry Morin, pourrait toucher un chèque de 3,26 millions d’euros d’indemnités de départ, alors que l’équipementier automobile annonce une réduction de 10 % de ses effectifs.
"Diversions", dénonce Martine Aubry
Martine Aubry, première secrétaire du PS, estime, pour sa part, que Nicolas Sarkozy n'a offert que ses "obstinations" et des "diversions", mais pas de "réponses", aux Français. "Nous attendions au moins des décisions sur les hautes rémunérations, les bonus et les parachutes dorés", a-t-elle indiqué. Le bureau national du PS a réclamé une "loi" sur les stock-options, les bonus et les parachutes dorés.
"Il ne suffit pas de dénoncer les stock-options injustifiés, les bonus démesurés et les parachutes dorés. Une loi s'impose, comme le demandent et le proposent sans attendre, les socialistes", poursuit-il.
Toutefois, Nicolas Sarkozy a promis, mardi, un projet de loi "à l'automne" sur le partage des profits des entreprises, dans le cas où les partenaires sociaux n'avanceraient pas sur ce sujet.
À l’image de Jean-François Copé qui s'est exprimé dans le quotidien français "Le Parisien", les députés de l'Union pour un mouvement populaire (UMP, majorité) semblent prêts à envisager la "solution législative".
La législation a toutefois déjà évolué depuis que les premiers parachutes dorés ont fait scandale. En 2002, Jean-Marie Messier, ex-PDG d’Universal, avait créé la polémique en exigeant 20,5 milliards d’euros d’indemnités de fin de contrat. Il ne les a jamais reçus. Quatre ans plus tard, Noël Forgeard, à l'époque patron de EADS, a, lui, bien perçu 8,2 millions d’euros d’indemnités alors que l’entreprise supprimait 10 000 postes.
Depuis la loi Breton de 2005 et la loi Tepa de 2007, les rémunérations variables ou les avantages accordés aux dirigeants de grandes entreprises doivent être soumis à des critères de performance. Mais ces lois semblent encore insuffisantes. Elles se heurtent notamment aux caractéristiques propres à chaque entreprise.