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"Gbagbo reviendra", clament ses partisans à Abidjan

L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo comparaît mardi à La Haye devant la Cour pénale internationale qui le soupçonne de crimes contre l'humanité. À Abidjan et à La Haye, ses partisans veulent croire à sa libération prochaine.

"Ils le trouvent un peu fatigué et vieilli", rapporte Maureen Grisot, correspondante de FRANCE 24 à Abidjan. Depuis mardi 19 février après-midi, les sympathisants de Laurent Gbagbo regardent à la télévision ou sur Internet, l'ancien président ivoirien qui comparaît devant la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, pour une audience de confirmation de charges. "Tous le trouvent sûr de lui", poursuit-elle avant d’ajouter qu’ils sont impatients de l’entendre se défendre la semaine prochaine.

Car les pro-Gbagbo en sont certains. Il "sera libre et nous reviendra", a affirmé à l'AFP Yapi Assa. L'ancien président est suspecté de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis durant les violences post-électorales de 2010-2011, qui avaient fait environ 3 000 morts.

À La Haye également, les soutiens de Laurent Gbagbo se sont faits entendre. Des centaines de personnes ont manifesté mardi aux cris de "Libérez notre président !". "Nous sommes ici parce qu'aujourd'hui le président Gbagbo [...] est un président démocratiquement élu et que les charges contre lui devraient être attribuées à Alassane Ouattara", a affirmé à l'AFP Hubert Seka, 43 ans, venu d'Italie pour prendre part à la manifestation.

"Pas de réconciliation sans Gbagbo"

Le premier ex-président entre les mains de la CPI compte de nombreux soutiens dans la communauté chrétienne de Côte d'Ivoire, en particulier chez les fidèles des églises évangéliques, dont il fait lui-même partie. Il y a quelques jours, ils étaient une dizaine à se retrouver dans "la maison de la résistance", nom de code désignant le modeste domicile de l'un d'eux, à Yopougon, immense quartier de l'ouest d'Abidjan et fief des tenants de l'ancien pouvoir.

À l'intérieur de cette "cachette", le portrait de l'ancien président n'a pas été remplacé. "Et je vais vous dire, les Ivoiriens, aujourd'hui, même ceux qui ne peuvent pas le dire sur des tréteaux de meeting, tout le monde le dit tout bas, Gbagbo est le président !", a lancé à l’AFP El Hadj Doulaye Soumahoro, membre du Front populaire ivoirien (FPI), parti de Laurent Gbagbo. "Ici, c'est chez lui, on l'attend", s’emporte d’une voix importante Rachelle Lou, partisane de l'ex-président ivoirien avant de s’insurger : "il n'y aura pas de réconciliation sans Gbagbo !"

Samedi, une cinquantaine de jeunes partisans de l'ex-homme fort d'Abidjan, criant "CPI, libérez Gbagbo", ont été dispersés à coup de gaz lacrymogènes alors qu'ils entendaient tenir dans ce quartier un rassemblement interdit. Le gouvernement d'Alassane Ouattara n'a pas dit un mot sur le crucial rendez-vous de la CPI.