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L'ONU craint une détérioration rapide de la situation après l'expulsion des ONG

Les agences de l'Onu s'inquiètent de la pression croissante pesant sur leurs épaules au Darfour, après l'expulsion de plusieurs ONG au lendemain du mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale contre le président soudanais.

AFP - L'aide humanitaire reste précaire au Darfour après l'expulsion de 13 organisations internationales par le Soudan, une décision qui va gonfler la facture des opérations de la communauté internationale dans cette région en guerre civile, selon un responsable de l'ONU.

"Les besoins les plus critiques ont été remplis pour l'instant (...) mais il s'agit de mesures de fortune", a déclaré mardi à Khartoum la coordinatrice des affaires humanitaires de l'ONU au Soudan, Ameerah Haq, lors de la présentation d'un rapport commun ONU-Soudan sur la situation humanitaire au Darfour.

Khartoum a expulsé 13 grandes ONG internationales et fermé trois ONG locales le 4 mars en réponse au mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) émis contre le président Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, dans l'ouest du Soudan.

La plupart de ces ONG mettaient en oeuvre des programmes de l'ONU pour plus d'un million de personnes déplacées par les violences et dépendantes de cette aide pour leur logement, leur alimentation, l'accès à l'eau et à des soins de santé.

"Nous n'avons pas vu de trauma (au Darfour) parce qu'ils ont reçu une ration (alimentaire) pour les mois de mars et d'avril mais il y a de grandes préoccupations" concernant le mois de mai, a affirmé la responsable lors d'un entretien avec un petit groupe de journalistes.

Les camions du Programme alimentaire mondial (PAM), une agence de l'ONU, doivent commencer à circuler au Darfour vers la mi-avril afin que les rations alimentaires puissent être distribuées début mai dans les camps de déplacés.

Or en expulsant des ONG, le Soudan a privé le PAM de partenaires importants dans l'acheminement de l'aide aux réfugiés qui pourraient ne pas recevoir leur ration prévue début mai, a indiqué Mme Haq.

"Début mai, si le PAM n'a pas trouvé de partenaires capables de prendre en charge la tâche gigantesque de la distribution, ces gens ne recevront pas leurs rations", a indiqué la responsable.

Les soins de santé de base ont été assurés aux déplacés du Darfour depuis le départ des 13 ONG, mais "jusqu'à 650.000 personnes n'ont toujours pas accès à des soins de santé complets", a souligné la coordinatrice de l'aide humanitaire.

La situation humanitaire est particulièrement préoccupante dans le camp de Zam Zam, près de la capitale historique du Darfour, el-Facher, que des ONG ont dû quitter alors que 36.000 déplacés arrivaient, a souligné la responsable.

Le Soudan a affirmé qu'il allait nationaliser l'aide humanitaire dans les camps du Darfour.

Le président de sa Commission des Affaires humanitaires, Hassabo Mohammad Abdal Rahman, a assuré mardi que Khartoum allait payer jusqu'en 2010 la facture de l'accès à l'eau potable et aux soins de santé et ce, même si les finances de l'Etat sont sérieusement amputées par la baisse des revenus pétroliers.

L'expulsion d'ONG par le Soudan accroît en fait la pression sur les opérations de l'ONU dans ce pays, notamment le PAM, et donc la facture demandée à la communauté internationale, a prévenu Mme Haq.

"Le coût des opérations des agences de l'ONU va augmenter", a-t-elle dit.

En novembre 2008, l'ONU avait lancé un appel de fonds aux pays donateurs de 2,18 milliards de dollars américains pour l'aide au Soudan, la plus importante demande de l'histoire. "Clairement, (cet appel) devra augmenter", a souligné la responsable onusienne.
 

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