Accusée d'avoir entretenu des liens avec un groupe d'extrême gauche illégal en Turquie, Sevil Sevimli a écopé de cinq ans de prison pour "propagande terroriste". L'étudiante de 21 ans serait toutefois autorisée à rentrer en France.
L'étudiante franco-turque Sevil Sevimli a été condamnée ce vendredi 15 février à cinq ans et deux mois de prison pour "propagande terroriste" par un tribunal du nord-ouest de la Turquie."La cour de Bursa a décidé de la condamner tout en la laissant libre de ses mouvements. Elle pourra, si elle le souhaite, rentrer en France", a annoncé son avocat, Me Inayet Aksu, ajoutant que sa cliente comptait faire appel du verdict.
À l'origine de nombreuses actions violentes en Turquie depuis la fin des années 1970, le DHKP-Ca revendiqué au début du mois l'attentat suicide qui a visé l'ambassade des États-Unis à Ankara et coûté la vie à un agent de sécurité turc de la mission diplomatique. Le groupe figure sur la liste des organisations classées terroristes par les États-Unis et l'Union européenne.
Arrêtée le 10 mai dernier, Sevil Sevimli avait été placée en détention provisoire pendant trois mois pour ses liens présumés avec le Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), une organisation d'extrême gauche illégale en Turquie et proche de la cause kurde. En cause, selon la défense de l’étudiante de 21 ans, sa participation au défilé du 1er-Mai, pourtant légal, à Istanbul, et sa présence, parmi 350 000 autres spectateurs, à un concert du groupe Yorum, réputé pour son engagement à gauche.
Elle avait, par la suite, été libérée le 6 août mais interdite de quitter le territoire turc et placée sous contrôle judiciaire.
Sevil Sevmili a toujours clamé son innocence et nié toute implication avec le DHKP-C, assurant qu’elle s’était rendue en Turquie, dans le cadre d’un échange universitaire Erasmus, uniquement pour découvrir davantage la culture de ses parents turcs, installés en France depuis 30 ans.
"Oui, je suis de gauche. Je suis socialiste. Je le dis sans m'en cacher. C'est ma manière de penser, je défends l'égalité et la démocratie. Par centaines, des jeunes, des travailleurs, des fonctionnaires, des syndicalistes, des intellectuels, des journalistes sont en prison. Ils ne sont même pas condamnés, ils sont détenus, en préventive. Nous nous savons bien qui sont les vrais terroristes. Ce sont ceux qui appauvrissent, écrasent, exploitent le peuple", avait déclaré Sevil Sevimli à l’issue la troisième audience de son procès le 16 janvier dernier.
Sa famille soulagée
itÀ l’annonce du verdict, les proches de l’étudiante sautaient de joie, selon l'hebdomadaire français "L’Express". "Ce qui compte pour nous, c'est qu'elle ait obtenu l'autorisation de rentrer. On ne s'attendait, de toute façon, pas à un acquittement immédiat", explique à l’hebdomadaire la présidente de son comité de soutien, Elmas Sinem.
Initialement poursuivie pour son appartenance au DHKP-C en tant que "dirigeante" et "membre active", ce qui aurait pu lui valoir jusqu’à 32 ans de réclusion, Sevil Sevimli n'a été finalement reconnue coupable que d’un seul chef d’accusation. Ce qui laisse présager, selon Elmas Sinem, qu’elle pourra être acquittée en appel.
En attendant, la mobilisation continue. De nombreux militants de gauche ont tenu, à l’annonce du verdict, à afficher leur soutien, à l’image du groupe des Étudiants communistes : "Plus que jamais la mobilisation pour la libération, son acquittement doit se poursuivre. Le gouvernement français doit prendre ses responsabilités et la faire sortir des griffes de la justice turque ! Liberté pour les prisonniers politiques turques !", ont-ils publié sur leur page Facebook.
FRANCE 24 avec dépêches