Des dizaines de milliers de personnes ont assisté aux funérailles de l'opposant Chokri Belaïd, assassiné mercredi. Le Premier ministre tunisien a confirmé sa volonté de former un gouvernement de technocrates.
Retour sur les principaux événements de la journée qui ont agité la Tunisie, vendredi 8 février.
- Des dizaines de milliers de personnes ont assisté aux funérailles de l'opposant assassiné Chokri Belaïd en criant leur colère contre le pouvoir islamiste en Tunisie. Des heurts ont éclaté malgré un imposant dispositif policier et militaire.
- Le Premier ministre Hamadi Jebali a confirmé vendredi soir sa volonté de former un gouvernement apolitique de technocrates, malgré le refus de son propre parti et les réserves de la présidence: "Je m'en tiens à ma décision de former un gouvernement de technocrates et je n'aurai pas besoin de l'aval de l'Assemblée nationale constituante" (ANC), a-t-il déclaré.
- Le principal groupe djihadiste tunisien, Ansar al-Charia, a appelé les islamistes à mettre fin à leurs divisions pour éviter "une guerre civile".
- Alors que le pays était paralysé par une grève générale à l'appel de plusieurs partis et de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), 40 000 personnes ont assisté aux funérailles, selon le ministère de l'Intérieur, qui a fait état de 132 arrestations à Tunis et de dégâts sur des bâtiments publics et locaux du parti islamiste en province.
- Le corps de Chokri Belaïd a été mis en terre vers 16H00 (15H00 GMT) dans le sud de Tunis, tandis que des milliers de voix criaient "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand) avant d'entonner l'hymne national et de réciter le premier verset du Coran.
- Hamma Hammami, dirigeant du Front populaire, la coalition de gauche et d'extrême gauche à laquelle appartenait le défunt, a ensuite prononcé une oraison funèbre: "Repose en paix Chokri, nous continuerons sur ta voie", a-t-il déclaré ému, face à la foule plongée dans un silence solennel.
- Ces obsèques ont été émaillées de troubles, des casseurs venus de quartiers proches du cimetière ont incendié des voitures, agressé des civils et jeté des pierres sur la police qui a répliqué par des gaz lacrymogènes.
- Sur l'avenue Habib Bourguiba, au coeur de Tunis, les policiers ont pourchassé des dizaines de jeunes manifestants hostiles au pouvoir qui scandaient "dégage, dégage", cri de ralliement lors de la révolution de 2011 qui a renversé le régime de Zine el-Abidine Ben Ali. Des hélicoptères de l'armée survolaient Tunis, où des camions militaires ont été déployés avenue Bourguiba, épicentre des heurts qui ont coûté la vie à un policier ces derniers jours. Un autre policier, roué de coups dans la nuit par des manifestants à Gafsa (centre) était vendredi dans le coma.
- Les militaires ont été aussi déployés devant les principales administrations à Zarzis (sud), autre point chaud près de la frontière libyenne, et à Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011. Dans ce contexte de crise, les écoles françaises seront encore fermées samedi et les universités tunisiennes jusqu'à lundi.
Avec dépêches