
Les Ligues de protection de la révolution, nées des comités de quartier apparus après la chute de Ben Ali, sont la cible des manifestants depuis la mort de Chokri Belaïd. L’opposition les considère comme le bras armé d’Ennahda.
Les Ligues de protection de la révolution sont communément considérées comme le bras armé d’Ennahda, mais rien n’a jamais prouvé cette filiation. Les militants des LPR sont cependant nombreux à afficher leur proximité avec l’aile radicale du parti islamiste à la tête de la coalition au pouvoir. Sami Triki, membre du comité central d’Ennahda, interrogé par "Libération" en janvier, a d’ailleurs reconnu l’appartenance de certains partisans aux Ligues, mais a réfuté tout "lien organisationnel".
Le 5 février, la veille de son assassinat, l’opposant tunisien Chokri Belaïd dénonçait "des groupes au sein d'Ennahda qui poussent à la violence". Dans son collimateur : les Ligues de protection de la révolution (LPR), qu’il assimile à des groupuscules pro-islamistes à la solde d’Ennahda, le parti au pouvoir. "Rachid Ghannouchi [numéro un d’Ennahda, NDLR] considère que les Ligues sont la conscience de la nation. Sa défense des auteurs de la violence est donc claire. Tous ceux qui s'opposent à Ennahda en deviennent des cibles", avait-il poursuivi. Le lendemain, il était tué de trois balles tirées à bout portant devant son domicile. Immédiatement, les Ligues sont pointées du doigt et plusieurs de leurs locaux mis à sac, notamment à Siliana (centre).
À l’origine, les Ligues sont issues des comités citoyens constitués après la chute de l'ancien dictateur Ben Ali pour protéger des quartiers, des villes ou des villages. Mais face au déferlement de violence de ces derniers mois, qui leur est souvent imputé, et depuis l’assassinat de Chokri Belaïd, de plus en plus de voix s’élèvent pour demander leur dissolution. Pour l’heure, seule la Ligue de Siliana a été dissoute.
Interrogé par "Jeune Afrique", le président du comité central de la Ligue de protection de la révolution, Mohamed Maalej, estime lui que rien ne justifie une dissolution de l’organisation. "Les débordements sont le fait d’individus et non de l’association", clame-t-il. Pourtant, ces groupuscules islamistes se sont illustrés depuis leur création en juin 2012 par des attaques ciblées contre l’opposition.
Attaques répétées
À cette liste d’agressions s’ajoute celle des menaces de mort proférées à l’encontre des figures de l’opposition et de membres d’organisations considérées comme contraires aux valeurs de la révolution.