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Sécurité renforcée pour des opposants égyptiens menacés de mort

Les autorités égyptiennes ont renforcé la protection de deux figures de l'opposition après la "fatwa" édictée contre eux. Sont notamment visés Mohamed El-Baradei, prix Nobel de la paix, et Hamdine Sabahi, ex-candidat à la présidence.

Après la mort, mercredi 6 février, en Tunisie, de l'opposant Chokri Belaïd, les autorités égyptiennes ont décidé, jeudi, de renforcer la sécurité devant le domicile de plusieurs dirigeants de l'opposition libérale, dont le prix Nobel de la paix Mohamed El-Baradei et l'ancien candidat à la présidentielle Hamdine Sabahi.

Cette décision a été prise après la publication d'une fatwa par un religieux radical, Mahmoud Chaabane. Ce dernier a appelé à tuer les dirigeants du Front national du salut (FSN), principale coalition de l'opposition laïque au président islamiste Mohamed Morsi. Dans une émission sur une chaîne de télévision satellitaire, le religieux a de surcroît mentionné les noms de deux membres du FSN, El-Baradei, de tendance libérale, et Sabahi, un nationaliste de gauche.

Dans un extrait diffusé sur Internet, le prédicateur estimait que les dirigeants du FSN méritaient d'être condamnés à mort au nom de la "charia" (loi coranique). Mahmoud Chaabane a également accusé les deux opposants d'être prêts à "mettre le feu à l'Égypte" pour arriver au pouvoir, référence aux violences qui ont éclaté autour du deuxième anniversaire de la révolution, le 25 janvier, et ont fait une soixantaine de morts.

Des propos qui relèvent du "terrorisme"

Dans un message posté sur Twitter mercredi, El-Baradei s'était insurgé contre la lenteur du gouvernement à réagir à la fatwa édictée contre lui. Mais, depuis, les propos de Mahmoud Chaabane ont été largement condamnés en Égypte. Les Frères musulmans ont également dénoncé sur leur site officiel "les appels au meurtre", et le parti salafiste Nour a qualifié la fatwa "d'irresponsable".

Le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, a estimé que les propos de Mahmoud Chaabane relevaient du "terrorisme". "La présidence affirme son rejet total des discours de haine qui prétendent faussement s'appuyer sur la religion et avec lesquels la religion n'a rien à voir. Elle appelle toutes les forces de la nation, les institutions religieuses et les personnalités du monde intellectuel à présenter un front uni face à ces propos inacceptables et ces incitations à la haine", peut-on lire dans le communiqué du palais présidentiel.

Le Premier ministre, Hicham Kandil, indique sur sa page Facebook que le gouvernement étudie les mesures légales à prendre contre "tous ceux qui émettent ou diffusent des 'fatwas' incitant à la violence".