Reçu en grande pompe au Caire, le président iranien a appelé mercredi à une alliance stratégique avec l'Égypte. Il a également proposé une aide financière alors que les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues depuis 1979.
Mahmoud Ahmadinejad, qui effectue au Caire la première visite d'un président iranien
depuis la révolution islamique de 1979, a appelé à une alliance stratégique avec l'Egypte, à laquelle il a proposé une aide financière, mais son offre n'a pas soulevé l'enthousiasme attendu par Téhéran.
"Nous devons tous avoir présent à l'esprit que le seul choix possible est de mettre sur pied cette alliance, car elle est dans l'intérêt des peuples égyptien et iranien et d'autres
nations de la région", a dit le chef de l'Etat iranien, cité mercredi par l'agence de presse officielle égyptienne Mena.
Les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues mais le président égyptien Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans, a accueilli mardi son homologue iranien en grande pompe.
"Certains cherchent à empêcher nos deux grands pays de se rapprocher, bien que les problèmes de la région nécessitent cette coopération, et notamment la question palestinienne", a dit Ahmadinejad.
"J'ai déjà dit que nous étions en mesure d'offrir à nos frères égyptiens la possibilité de beaucoup emprunter et bien d'autres services", a souligné Mahmoud Ahmadinejad dans une interview au quotidien Al Ahram.
L'Egypte a annoncé mardi que ses réserves de devises étrangères étaient passées sous le seuil de 15 milliards de dollars, ce qui correspond à trois mois d'importations. Et cela bien que le Qatar ait effectué récemment plusieurs versements pour soutenir l'Egypte.
Souhaitant faire montre de sa bonne volonté, le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé que les touristes et commerçants égyptiens n'auront plus désormais besoin de visa pour entrer en Iran, rapporte Mena.
Le tourisme égyptien a été durement touché par les troubles qui n'ont pas cessé depuis le soulèvement populaire et la chute d'Hosni Moubarak il y a deux ans. Les investissements se sont taris en raison de l'instabilité politique et économique.
Le chef de la diplomatie égyptienne, Mohamed Amr, a minimisé la portée de la visite d'Ahmadinejad, en déclarant à Reuters que le président iranien était avant tout au Caire pour le sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), qui s'est ouvert ce mercredi. "C'est donc là une chose normale. C'est tout", a-t-il déclaré.
Nom de rue litigieux
Peu de progrès ont été enregistrés jusqu'à présent sur la voie d'une normalisation des relations bilatérales, a reconnu mercredi Mahmoud Ahmadinejad.
"Aucun changement ne s'est produit ces deux dernières années, mais des discussions ont vu le jour, et son Excellence le président Mohamed Morsi s'est rendu en Iran où nous l'avons reçu(...)", a dit le président iranien.
L'un des obstacles persistants au rétablissement des relations, pour Le Caire, concerne le fait qu'une rue de Téhéran a été baptisée du nom de l'islamiste égyptien qui avait dirigé le commando ayant assassiné le président Anouar el Sadate en
octobre 1981.
"Sur la question du nom de cette rue et de son changement, les choses vont être abordées progressivement", a dit Ahmadinejad.
Par ailleurs, trois Egyptiens et un Syrien ont été interpellés mardi pour avoir tenté d'agresser le président iranien à la mosquée Hussein du Caire, a-t-on appris de source
proche des services de sécurité. Maintenus en détention durant la nuit, ils ont été remis en liberté contre une caution de 500 livres égyptiennes (75 dollars) chacun.
Selon une vidéo tournée par un caméraman turc, il semble qu'un homme barbu ait tenté à deux reprises de lancer une chaussure en direction de Mahmoud Ahmadinejad alors qu'il quittait la mosquée Hussein.
Dans le monde arabe, lancer une chaussure en direction de quelqu'un est considéré comme une grave insulte. Un journaliste irakien avait ainsi jeté une chaussure en direction de George W. Bush, alors président des Etats-Unis, lors d'une conférence de
presse à Bagdad en 2008, le contraignant à se pencher pour esquiver le tir.
Les trois Egyptiens, précise-t-on de même source, appartiennent à l'organisation al Gamaa al Islamia, groupe islamiste qui avait pris les armes contre l'Etat égyptien dans
les années 1990 avant de se réinsérer dans la vie politique à la suite de la chute de Hosni Moubarak début 2011.
Reuters