
En retrouvant ses fonctions de président de la Cour suprême du Pakistan deux ans après sa première destitution, le juge Iftikhar Chaudhry a appelé à éradiquer "une corruption endémique" sous les acclamations de 250 avocats.
AFP - Le président de la Cour suprême du Pakistan, le juge Iftikhar Chaudhry, a appelé mardi les avocats à laver le système judiciaire de la corruption, acclamé par une foule debout, en retrouvant son bureau pour la première fois depuis sa réintégration.
"C'est une source de grande satisfaction et un jour d'action de grâces envers Allah tout puissant, qu'après cette longue période, la Cour soit rétablie dans sa forme originale", a lancé le magistrat sous les applaudissements des avocats.
"Il existe une corruption endémique dans cette institution. Celle-ci ne peut être éradiquée sans l'aide des avocats", a-t-il ajouté.
"Je vous demanderai à tous, en tant qu'officiers de cette Cour, de mettre en premier lieu de l'ordre dans votre maison", a déclaré le juge Chaudhry.
A son arrivée devant la Cour suprême, le magistrat a été accueilli par une foule d'environ 250 avocats, dansant ou agitant le drapeau pakistanais, sa voiture aspergée par une pluie de pétales de roses pendant que des ballons s'envolaient dans le ciel.
Le juge Chaudhry, un homme réputé intègre, symbole de la lutte pour l'indépendance de la justice, avait été destitué le 9 mars 2007 par le régime militaire de Pervez Musharraf, réintégré quelques mois plus tard puis à nouveau limogé le jour de la proclamation de l'Etat d'urgence, le 3 novembre 2007.
Les grandes manifestations, initiées par les avocats, pour son retour ont précipité la chute du régime militaire en 2008, puis empoisonné la première année de gouvernement civil, les opposants d'alors, aujourd'hui au pouvoir, n'ayant pas respecté leur promesse électorale de le rétablir dans ses fonctions.
Le mouvement s'était amplifié début mars, au point de faire craindre une déstabilisation du pays. Sous forte pression des Etats-Unis et de l'armée pakistanaise, le président Asif Ali Zardari avait été contraint de céder et avait accepté le 16 mars de réintégrer le magistrat.