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Ouverture de la chasse aux phoques au Canada, l'UE mécontente

La chasse aux phoques s'est ouverte au Canada et portera cette année sur plus de 338 000 animaux. L'opposition à cette pratique annuelle se renforce et l'Union européenne pourrait voter l'interdiction du commerce de ses produits.

AFP - La chasse aux phoques s'est ouverte lundi sur la côte atlantique canadienne, alors que l'opposition à cette pratique annuelle se renforce et que l'Union européenne pourrait voter la semaine prochaine l'interdiction du commerce de ses produits.

La chasse, qui portera cette année sur plus de 338.000 animaux, a débuté sur la banquise dans le Golfe du Saint-Laurent et se poursuivra début avril à l'est de Terre-Neuve.

"Il neige un peu mais ça a été une belle journée de chasse. La qualité des phoques est vraiment bonne cette année", a déclaré à l'AFP Denis Longuépée, président de l'Association des chasseurs de phoques des îles de la Madeleine.

Selon Ottawa, 6.000 personnes pratiquent cette chasse au Canada, pays où sont abattus près du tiers des phoques chassés chaque année dans le monde.

Cette année, le ministère canadien des Pêches a augmenté de 43.000 têtes le quota d'abattage. Les chasseurs pourront tuer 50.000 phoques gris, contre 12.000 l'année dernière, 8.200 phoques à capuchon (stable) et 280.000 phoques du Groenland, soit 5.000 de plus qu'en 2007.

Cette espèce constitue le gros du commerce du phoque, car très recherchée pour sa fourrure.

"La chasse aux phoques du Groenland est une course pour atteindre les quotas. L'objectif des chasseurs est de tuer le plus possible de bêtes, plutôt que de les tuer humainement ou d'appliquer les règlements", a déclaré à l'AFP Sheryl Fink, porte-parole du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).

Depuis une quarantaine d'année et la diffusion d'un documentaire présentant un chasseur dépeçant vivant un blanchon (bébé phoque), cette chasse est critiquée pour sa "cruauté". Ottawa a depuis interdit la chasse au blanchon et s'est efforcé d'augmenter l'arsenal législatif garantissant une chasse "humaine".

Cela n'a pas empêché les Etats de l'Union européenne de se prononcer fin octobre en faveur d'une interdiction du commerce des peaux de phoque tués dans des conditions cruelles.

Bien que les 27 aient différé leur décision définitive, une commission du Parlement européen (PE) a pris le relais et endossé début mars un projet de règlement prévoyant l'interdiction de tout commerce dans l'UE de produits dérivés de la chasse aux phoques.

Un vote doit avoir lieu au PE au cours de la prochaine session plénière de l'assemblée, vraisemblablement lundi prochain.

Si le vote est favorable à une interdiction, cela constituerait un revers pour le Canada, qui a fait de nouvelles concessions en décembre dernier en limitant strictement l'utilisation du gourdin controversé "hakapiks" et en établissant de nouvelles règles pour le dépeçage des phoques.

"Comme la chasse se déroule sur un immense territoire, il est impossible de surveiller le territoire et de faire respecter les règlements", estime Mme Fink, dont l'organisme va effectuer des vols en hélicoptère au-dessus des lieux de chasse, comme plusieurs groupes écologistes.

Répétant que son gouvernement était "extrêmement déçu" par le projet de règlement qui sera étudié par le PE, la ministre canadienne des Pêches, Gail Shea, a souligné que le Canada étudiait tous les recours juridiques et diplomatiques afin d'empêcher une interdiction.

"Les Canadiens peuvent être assurés que nous allons exercer nos pleins droits dans le cadre du commerce international si cela devenait nécessaire", a-t-elle affirmé, faisant allusion à une plainte éventuelle à l'Organisation mondiale du commerce.