Réunie en Éthiopie, la communauté internationale se penche sur l'aide logistique et financière qu'elle peut apporter au Mali pour soutenir le déploiement dans le pays d'une force africaine chargée de prendre le relais du contingent français.
La communauté internationale, critiquée pour sa lenteur à aider le Mali, a été pressée mardi à Addis Abeba d'agir rapidement pour trouver des centaines de millions de dollars pour financer les opérations militaires contre les insurgés islamistes du nord du pays.
"Je voudrais, en vous remerciant encore, solliciter un soutien important, massif (...) de la communauté internationale toute entière," a lancé le président malien Dioncounda Traoré en ouverture d'une conférence de donateurs dans la capitale éthiopienne.
La réunion, organisée au siège de l'Union africaine (UA), doit servir à lever des fonds pour le laborieux déploiement d'une force africaine (Misma) destinée à épauler puis prendre le relais d'un contingent français envoyé mi-janvier en urgence pour contrer une offensive des islamistes sur la capitale malienne Bamako.
itL'argent doit aussi aider à remettre à flot l'armée malienne dont la déroute avait permis l'occupation du nord du Mali par les groupes armés à la mi-2012.
De nombreux pays d'Afrique, mais aussi l'Europe, le Japon, les Etats-Unis, la Chine ou encore les Nations unies sont représentés.
"Nous sommes aujourd'hui réunis pour donner à la Misma les moyens de mener son action de rétablissement de la souveraineté et de l'intégrité du Mali, conditions indispensables à une stabilisation politique durable", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
"La situation exige une réponse internationale rapide et efficace, car elle menace le Mali, la région, le continent et même au-delà," a de son côté estimé Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la commission de l'UA. Elle faisait écho aux propos du président de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao), l'Ivoirien Alassane Ouattara, qui a insisté sur l'"urgence à apporter un soutien rapide et massif à la cause du Mali et du Sahel".
Le manque de ressources financières et logistiques handicapent sérieusement le déploiement de la Misma, pourtant mise sur pieds depuis plusieurs mois par la Cédéao et qui bénéficie de l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU.
La Cédéao a promis d'envoyer quelque 6.000 hommes au Mali, mais les soldats africains n'arrivent encore qu'au compte-gouttes : 2.000 d'entre eux seulement ont pour l'instant rejoint le Mali ou le Niger voisin.
it
Aides financières, logistiques et humanitaires
Lundi, l'UA a estimé à 460 millions de dollars le budget du déploiement de Misma.
L'organisation pan-africaine a promis de contribuer à hauteur de 10%, une première: jamais l'Union africaine n'a jusqu'ici financé une opération de maintien de la paix. La Cédéao seule a dit, quant à elle, contribuer à hauteur de 10 millions de dollars aux besoins d'urgence de déploiement.
Les annonces de contributions pour le Mali arrivent pour l'instant en ordre dispersé, pour un montant estimé à la mi-journée à plus de 500 millions de dollars par l'UA, et sans qu'il soit toujours possible de démêler ce qui pourrait relever d'un financement pur, d'aides logistiques ou même humanitaires.
L'UE a promis 50 millions d'euros, auxquels s'ajouteront une aide logistique séparée de la France estimée à quelque 47 millions d'euros et, peut-être aussi, une aide logistique britannique. Le Japon prévoit un soutien indirect, via un don de 120 millions de dollars à des organisations internationales qui travaillent à la stabilisation du Mali et du Sahel.
Mais malgré tout, selon Stéphanie Braquehais, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Addis Abeba, "la somme est loin d'être réunie" et les prochaines heures devraient apporter plus de précisions.
Quant aux besoins financiers pour la restructuration des forces maliennes, ils n'ont, eux, pas encore été rendus publics. Des diplomates estimaient ces derniers jours à 700 millions de dollars le besoin total en financement de la Misma et de l'armée malienne.
Ce week-end, le Commissaire de l'UA à la Paix et la Sécurité, Ramtane Lamamra, s'était dit confiant dans la capacité à "mobiliser des ressources et des équipements" suffisants pour "assurer une certaine autonomie" à la Misma "pendant quelques mois", soulignant que des "arrangements plus stables" seraient ensuite demandés à l'ONU sur le budget des opérations de maintien de la paix.
Avec dépêches